La vie quotidienne à Galan autrefois.
Les distractions | |||||||||||||||
Le pêle-porc | |||||||||||||||
La pêche et la chasse | |||||||||||||||
Les conflits | |||||||||||||||
Les déplacements | |||||||||||||||
Les risques | |||||||||||||||
La santé | |||||||||||||||
La pauvreté | |||||||||||||||
Histoire sommaire |
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Elle garde bien les vaches ! |
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Le dépiquage au fléau | Un progrès : la batteuse |
Bien sûr, la fête du village à la Saint Julien est une manifestation
importante dans l'année mais on peut considérer que les gros
travaux ponctuels : vendanges, moissons, dépiquage ont eux aussi
des allures de fête. À la Sainte Luce, les jours vont rallonger
et c'est une grande fête, (voir Quelques
rites datant de la nuit des temps).
Les distractions.
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Le tripot
L'Illustration
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Le billard de table
L'Illustration |
Cette imagination vive et amie du merveilleux, les nourrit d'illusions et des traditions les plus fabuleuses : ils abrègent les longues veillées de l'hiver par des comptes de sorciers et de loups-garous, qui ne rencontrent jamais d'incrédules. Du reste, il est remarquable qu'on retrouve des comptes entièrement semblables dans l'Âne d'or d'Apulée et le Festin de Trimalcion de Pétrone. |
Un carré de 8 m de coté, le sol est de la terre battue choisie pour ne pas être boueuse par temps de pluie, ni poussiéreuse par temps sec. Le terrain est limité par des planches de 35 cm de haut posées de champ et fixées sur de solides piquets fichés profondément dans le sol. Une boule heurte une planche, et c'est une faute.
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Les quilles de neuf. |
La plus grande "cérémonie" - encore en usage, mais
réalisée maintenant de façon plus expéditive - c'est
le pêle-porc, une vraie fête appelée aussi "La
Fête du Cochon", mais un fête où on travaille dur. De nos
jours on tue encore deux ou trois cochons bien gras par famille,
ils feront la viande de l'année.
Le samedi est souvent choisi
parce que les enfants et autres relations seront disponible le
lendemain. On est frappé par l'organisation du travail, un modèle.
Une personne donne des ordres : c'est la femme la plus ancienne
de la famille, elle détient l'autorité que lui confèrent l'expérience
et le souci du respect des traditions. Les hommes interviennent
au début surtout, pour le sacrifice (puis pour les repas !),
ensuite on les enverra faire la corvée de bois et épisodiquement
et sur injonction expresse seulement, il viendront tourner le
hachoir. À quatre ils amènent la bête quelquefois énorme, plus
de 200 kg, consciente du danger, rugissante, et l'allongent dans
une auge en bois, la mée. Avec une précision de chirurgien le
bourreau va uvrer : à un endroit qu'il choisit minutieusement
selon la bête, il enfonce son couteau jusqu'à une certaine profondeur,
le fait pivoter d'un quart de tour, le déporte par côté, tranche
et c'est fini. Quelques secondes, le sang coule, soigneusement
récupéré dans un chaudron, puis tourné sans arrêt à la main par
la responsable; de temps en temps elle jette aux chiens les filaments
de fibrine qui se forment, ils feraient cailler le sang. Le cochon,
Arrosé d'eau presque bouillante le cochon est minutieusement
"pèlent" avec des grattoirs et des cuillers, on le
retourne avec les deux chaînes prévues à cet effet au fond de
la mée.
La "toilette" finie, on le suspend par
les pattes de devant tenues écartées par un bâton. Le "coupeur"
peut alors intervenir, il a le savoir-faire d'un boucher. Les
hommes alentour font des commentaires sur la qualité de la bête,
l'épaisseur du lard, signes qui ne trompent pas pour apprécier
la maison. La première tâche dévolue à deux femmes est d'aller
à la rivière laver le "ventre", c'est à dire les boyaux
et la panse : une heure d'une dure corvée car il fait froid et
l'eau est froide. A midi, on mange le cur et le foie s'ils n'ont
pas été mis au pâté, une poule farcie, quelques poulets rôtis,
une petite salade, pas de fromage, une tourte, ou un massepain,
ou des gâteaux au fer en forme de cornets, café, pousse-café
pour les hommes. Le soir, se sera les entrebious (voir
"Gourmandises"
pour la recette). Une période de l'année où on mange de la viande
fraîche.
Le cochon sera laissé au frais, en paix toute le
nuit, pour que la chair rassisse.
Le lendemain, les morceaux
sont livrés découpés aux femmes qui vont devoir travailler deux
jours pour hacher, parer, mettre en bocaux le confit, etc. Il
peut y avoir là 10 personnes ou plus qui y travaillent.
La
préparation du boudin est à elle seule tout un cérémonial.
Dans un chaudron, on prépare un bon bouillon de légumes :
carottes, navets, oignon piqué de clous de girofle, poireaux,
sel et poivre. La viande destinée au boudin va cuire trois heures
dans ce bouillon : poumons, rate, foie et cur s'ils n'a
pas été prévus pour être mangés à part, gorge (goula) dont les
entrebious. Une fois cuite, cette viande sera retirée du bouillon
et hachée, elle ira remplir les boyaux, quelquefois on rajoutera
de l'oignon, au moins pour une partie. Puis le sang est ajouté
à ce mélange, il a été assaisonné par la maîtresse de maison
responsable de cette opération délicate - elle le goûte
alors cru - avec sel, poivre, épices Rabelais (les
quatre épices), dans des proportions qu'on ne dévoile pas. La
chose sera jugée ultérieurement. Les boyaux sont préparés, la
graisse qui adhère est enlevée au couteau, leur étanchéité est
testée par deux femmes qui soufflent à chaque extrémité. Une
extrémité est fermée avec une ficelle de 60 cm, puis le boudin
est rempli avec un entonnoir. Le mélange doit être tassé, mais
pas trop, car si le boyau venait à éclater à la cuisson ce serait
la déchéance, et on ne plaisante pas. On ferme l'autre extrémité
qu'on joint à la première, on attache au bout d'un bâton. Les
boyaux vont être trempés dans le bouillon pour la cuisson finale,
mais l'opération ne se fait pas sans précautions. Au préalable,
la responsable de la cuisson exige, autoritaire et indiscutée :
- un homme va aller dans le jardin couper des feuilles de chou,
- les portes et fenêtres de la pièce sont fermées et le resteront
impérativement pendant la cuisson, ce qui signifie que personne
ne pourra ni entrer ni sortir de la pièce.
Et pendant une
demi-heure elle tient son bâton lui donnant un mouvement de haut
en bas lent et régulier, elle évite de faire toucher le fond
aux boudins, tout en gardant un il attentif sur le feu. Personne
ne parle. Quand elle l'a décidé, elle sort les boudins du bouillon,
les regards sont fixés sur les boudins : tous sont entiers,
ça va, on apprécie et on le dit; l'un d'eux s'est crevé, c'est
la réprobation, la honte. L'homme revient avec les feuilles de
chou qu'il étale sur une table et sur lesquelles on va poser
les boudin avec précautions, ils sont encore fragiles. Avec le
bouillon, on va faire de la pâte avec de la farine de
maïs toute imprégnée de cet élixir de bouillon, on la fera griller
plus tard.
Le lendemain de la cérémonie, c'est la tradition,
toujours un geste : un petit échantillon de boudin, de saucisse,
de filet est offert à un voisin ou ami qui n'a pu être présent,
ou au curé, à l'instituteur, au facteur. Souvent le tueur reçoit
un joli morceau comme rétribution.
Le second jour, on ne
chôme pas, c'est au tour des épaules et des jambons d'être traités :
gros sel sans compter, poivre grossier pour écarter les mouches
pondeuses et, comme destination, soit la cendre, soit, enveloppés
dans un sac de coton, séchage dans une pièce aérée. Le lard
est mis au sel quelques jours, puis suspendu à côté des jambons.
Le lard de poitrine ou ventrêche sera roulé avec sel et
poivre comme un rôti. On en fera des tranches pour aller avec
les ufs au plat. Délicieux. Le tri de la viande fournit des
petits morceaux qui, salés (30g/kg), poivrés, hachés, vont à
la saucisse et au saucisson. On rajoute quelquefois
de l'ail pour une partie. Séchage avec les jambons, consommation
dans les deux à trois mois. Si certains morceaux nobles comme
les filets, côtes, longe et autres rôtis,
ou les coustous vont être vite mangés, une grande partie
sert à faire du confit qui conserve la viande pendant
des mois dans des pots en terre vernissés réservés à cet usage.
La viande est d'abord "mise au sel", tassée, et cuite
à feu doux avec la graisse pendant trois heures. Actuellement
la stérilisation dans des bocaux en verre hermétiques est très
utilisée, et le congélateur a modifié les habitudes : il
garde la viande fraîche quelques mois, mais pas trop longtemps,
mettons six mois maximum, le porc rancit plus vite que les autres
viandes. Les divers pâtés et rillettes toujours
appréciés sont produits en quantité, de même que saindoux
et ses délicieux déchets que sont les fritons.
« Quel admirable animal que le cochon ! Il ne lui manque que de savoir faire lui-même son boudin ». Jules Renard
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Voici la description d'un cochon vu par le très sérieux Hyppolite Taine dans son Voyage aux Pyrénées ouvrage déjà cité. Voir Morceaux choisis dans le Menu principal et Le Pic du Midi dans Promenades du Menu Principal.
« Pourquoi ne parlerais-je pas de l'animal le plus heureux de la création! Un grand peintre, Karl Dujardins l'a pris en affection; il l'a dessiné dans toutes les poses, il a montré toutes ses jouissances et tous ses goûts. La prose a bien les droits de la peinture, et je promets aux voyageurs qu'ils prendront plaisir à regarder les cochons. Voilà le mot lâché. Maintenant songez qu'aux Pyrénées ils ne sont pas couverts de fange infecte, comme dans nos fermes; ils sont roses et noirs, bien lavés, et vivent sur les grèves sèches, auprès des eaux courantes. Ils font des trous dans le sable échauffé. et y dorment par bandes de cinq ou six, alignés et serrés dans un ordre admirable. Quand on approche, toute la masse grouille; les queues en tire-bouchon frétillent fantastiquement; deux yeux narquois et philosophiques s'ouvrent sous les oreilles pendantes; les nez goguenards s'allongent en flairant; toute la compagnie grognonne; après quoi on s'accoutume à l'intrus, on se tait, on se recouche, les yeux se ferment d'une façon béate, les queues rentrent en place, et les bienheureux coquins se remettent à digérer et à jouir du soleil. Tous ces museaux expressifs semblent dire fi aux préjugés et appeler la jouissance; ils ont quelque chose d'insouciant et de moqueur; le visage entier se dirige du côté du groin, et toute la tête aboutit à la bouche. Leur nez allongé semble aspirer et recueillir dans l'air toutes les sensations agréables. Ils s'étalent si complaisamment à terre, ils remuent les oreilles avec de petits mouvements si voluptueux, ils font des éjaculations de plaisir si pénétrantes, qu'on en prend de l'humeur. 0 vrais épicuriens, si parfois en sommeillant vous daignez réfléchir, vous devez penser, comme l'oie de Montaigne, que le monde a été fait pour vous, que l'homme est votre serviteur, et que vous êtes les privilégiés de la nature! Il n'y a dans toute leur vie qu'un moment fâcheux, celui où on les saigne. Encore ils passent vite et ils ne le prévoient pas ».
Voilà un autre récit du pêle-porc écrit par un grand écrivain, Arnaud de Pesquidoux, alias Jean Taillemagre, fils de Joseph de Pesquidoux (voir Références bibliographiques sommaires).
Un long cri frissonnant traversa 1'aube; tout aussitôt,
dans les fermes voisines, les chiens réveillés hurlèrent. Jeanti
toucha du coude sa femme. - ÉÉEcoute, à Tastet, ils "font
un sort" au cochon. - Il va se défendre, dit-elle, le "pôvre".
Il pèse au moins cinq cents livres. Là-bas, malgré la graisse
qui enrobait ses muscles, boursouflait son corps énorme , lui
réduisait le souffle, le porc se débattait avec désespoir. Il
luttait contre les quatre hommes qui 1'avaient assailli, traîné
hors de sa loge. Basculé dans un pétrin, écartelé, il tirait
de toute sa vigueur, tantôt sur une patte, tantôt sur 1'autre.
Il se plaignait à grands déchirements de gorge, arc-boutant ses
reins emprisonnés par le bois pour mieux tenter de s'arracher
aux étreintes. Il ne vit pas le boucher lui donner le premier
coup. La lame s'enfonça dans la chair dense, un jet de sang gicla
avec un son clair dans la bassine, tenue à pleins bras sous la
tête barbouillée d'incarnat, et les muscles du cou cisaillés,
le cochon se laissa aller... Soudain, un rayon de soleil tâtonna
un instant au levant de la maison, caressa l'étable, pour s'immobiliser
enfin, l'éclaboussant de blondeur, sur le groupe accroupi autour
de l'agonie animale. Les hommes soufflèrent. "On va boire
un coup", dit Tastet. Dans la cuisine, le feu sautait entre
les chenets, léchant une bassine emplie d'eau. Sur la longue
table rectangulaire, les verres encadraient la bouteille de vin
blanc; un de ces vins secs et fruités dès la première année,
et ils commencèrent de se raconter, réjouis, de savoureuses histoires
de tue-cochons. L'an passé, le porc des d'Anglade s'était sauvé,
le coutelas fiché au travers de la gorge. L'autre jour, le petit
des métayers de Lahargue n'avait-il pas tenté, en ouvrant la
porte de la loge, de faire échapper la bête avant le sacrifice,
tant il l'aimait tendrement... Et les hommes de rire. "Un
que tu as failli ne pas avoir, hé! boucher. "Il restait
impassible, ceint de son tablier taché de sang; le coutelas engainé
sur le ventre. C'est lui qui poussa les autres dehors pour l'aider
à tirer sous le hangar le pétrin encombré de la masse gisante.
Alors il roula ses manches au-dessus des coudes, fit apporter
l'eau bouillante, se mit au travail. Aidé d'une femme, à grands
coups de louche, il lavait le cochon, grattant, lissant la peau
finement velue. Rose tendre, elle se mit à luire, zébrée de filigranes
graisseux d'un blanc éclatant. Il besognait vite. La bête, échaudée,
hissée à hauteur d'homme, suspendue à une poutre, tête en bas,
oscilla un instant avant de s'immobiliser.
Il commença le
dépeçage. La tête d'abord tranchée, jetée dans une bassine, il
fendit la bête en deux. Les voisines, elles, allaient de la grange
à la cuisine, emportant les morceaux de chair découpés. Elles
étaient venues aider la Jeanne avec joie. "Le pêle-porc"
est une des grandes fêtes paysannes où l'on invite ses proches,
ceux qui sont de vos joies comme de vos peines. Il est juste
donc qu'ils viennent, avec vous, secouer la monotonie des jours
d'hiver obscurs et boueux. Les jambons partaient, et la poitrine
avec son armature de côtes, et les reins masqués d'une épaisse
couche de graisse accumulée au long des lentes digestions. Le
boucher "levait" les épaules d'une rapide incision
circulaire, isolant par deux traits, au-dessus et au-dessous
des jarrets, les jambonneaux bardés de lard. Une odeur fade suintait
de tous ces morceaux démembrés, hachés, certains largement saupoudrés
de sel. Un peu à l'écart, Jeanne, mêlant au sang de minces tranches
de gras, farcies d'oignons, entonnait des débris colorés et fluides
dans l'intestin grêle hâtivement ébouillanté. Du tranchant du
coutelas, le boucher vidait de toute sa chair la bête suspendue,
allant lui-même au milieu des femmes continuer la découpe des
morceaux choisis pour être enfouis dans les pots de grès vernissés.
...
Oui, on a pêché l'écrevisse et la truite à Galan !
Un membre de la vieille tribu Galanaise "Mac" raconte :
"Nous avions droit à 100 écrevisses par pêche. Douze balances étaient placées à des endroits repérés; Quand la 12ème était placée, il n'y avait qu'à lever la 1ère. Il fallait rejeter toute proie dont la queue était plus petite que notre pouce, et on faisait une dizaine de pêche par vacance. En 1912, un curiste de Capvern fut prévenu. Il empoisonna méthodiquement la rivière, envoya ses prises à Paris et gagna une petite fortune. Il n'y a plus d'écrevisses dans la Baïsole depuis 1913. Nous savions tous pêcher les truites à la main en naissant. Le mauvais était de rencontrer sous la racine, un rat, un serpent ou une anguille. Cette dernière était catastrophique car elle s'entourait autour du poignet, ne voulait pas partir et empêchait le bras de sortir du trou. Il fallait appeler à l'aide. généralement cette rencontre coïncidait avec la dernière pêche de l'année. Il fallait six mois pour se remettre de cette émotion".
Voir Les
sports à Galan.
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Un berger de la Vallée
d'Aure. Pas toujours facile. Mais une belle tête !
Cl. Yan
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L'Ancien Régime finissant et l'amorce du XIXe siècle
connaissent de nombreuses tensions dans la région. Nous avons
évoqué le refus de payer la dîme du maïs et ce n'était qu'une
manifestation parmi cent autres du caractère revendicateur, individualiste
et même quelquefois agressif du Pyrénéen. Certes, il y a des
raisons : le surpeuplement crée des troubles, la jeunesse
n'est pas assez occupée, "la ville de Castelnau-Magnoac
est un lieu de licence, on s'y permet tout", écrit un
Conseiller Municipal de la ville. Les récents propriétaires terriens
endettés sont inquiets, des avocats et agents d'affaire prolifèrent
à l'affût de causes enrichissantes et d'ambition. Les règlements
communaux sont bafoués, les autorités ridiculisées, il faut protéger
les propriétés individuelles et les biens communaux; l'arsenal
des mesures répressives semble exciter les esprits sans pour
autant rétablir l'ordre. La famille connaît une criminalité grandissante,
exemple : un fils cadet jaloux des avantages de l'aîné le
frappe à mort...
Les femmes sont montrées du doigt :
"...elles critiquent et censurent tout le monde et sacrifient
facilement leur conscience à un léger intérêt".
Une coutume locale qui peut mal tourner : le
charivari.
Qu'un homme vienne à convoler en secondes
noces avec une jeunette, ou qu'une femme d'un certain âge épouse
un petit jeune, cela se paie. Si les mariés refusent de payer
leur écot, il ont droit au charivari. Le soir du mariage, les
jeunes du village s'arment de toutes sortes d'ustensiles aptes
à faire du bruit : cloches, chaudrons, tambours, et vont
égayer la nuit de noce. Les choses ne se passent pas toujours
bien. À Galan, on a en mémoire un charivari qui, en dépit de
la mansuétude des gendarmes s'est terminé au tribunal de simple
police. On en parle encore, c'était la fois où le cachot de la
gendarmerie avait servi.
Il faut reconnaître que la vie reste difficile même en l'absence de disettes. L'isolement persiste bien que les routes principales (impériales ou royales) ou départementales soient entretenues, développées et améliorées.
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Nos aïeux voyageaient à la vitesse de 7 à 16 km/h de moyenne. |
Depuis de temps immémoriaux, on a la hantise des violents
orages de grêle et Galan figure dans la liste maudite. Une observation
intéressante est faite à la fin du XVIIIe siècle :
durant des combats où donnaient des canons, les espagnols avaient
remarqué que les gros nuages de grêle avaient épargné leur région,
d'où l'idée d'imaginer d'utiliser des batteries de canon pour
préserver de la grêle. Cette hypothèse n'était pas sotte et fut
reprise 150 ans plus tard (voir Catastrophes
naturelles). Le seul remède, si l'on puis dire, sont les
compagnies d'assurances aux primes coûteuses, mais il n'y a pas
d'argent. Les incendies sont mal maîtrisés, les petites communes
ne possèdent guère de matériel. Les toitures de chaume augmentent
le risque et les autorités encouragent les couvertures en tuiles
ou en ardoises. Là encore, on recourt à l'assurance proposée
par des vendeurs qui sillonnent la campagne. Les épidémies affectant
le bétail créent une insécurité, une cause d'appauvrissement
supplémentaire et les artistes-vétérinaires comme on les
appelait ne sont pas très compétents. Un buf adulte vers 1900
pesait 200 kg en moyenne, c'est le poids d'un veau actuel
de quatre mois d'âge et une vache 120 kg.
Même si la disette ne sévit plus, la santé, donc la vie, est
précaire. Il n'est pas rare qu'un conscrit sur deux soit exempté
au conseil de révision, mais on ne peut exclure certaines interventions
complaisantes... Une remarque : le Haut-Pyrénéen avait une
taille moyenne inférieure de 2 cm à la normale. En fait,
plus qu'une ration calorique insuffisante, c'est le mauvais équilibre
de l'alimentation qui est responsable : excès d'hydrates
de carbone, manque de lipides et de protides, absence quasi totale
de poisson, carence de potassium, de calcium, de vitamines.
Au milieu du XIXe siècle des maladies épidémiques s'abattent sur les populations locales : la syphilis introduite dit-on par les militaires et qu'on ne sait pas soigner et le
choléra qui sévit dans la proche Barousse. Les médecins dénoncent l'absence d'hygiène : "les paysans sont généralement malpropres, ne prennent aucun soin de leur toilette" écrit l'un d'eux. La typhoïde est répandue, on l'attribue au fait que "les ruelles du chef-lieu sont de véritables latrines".
Les médecins sont rares et incompétents. Les cantons les mieux pourvus sont les stations thermales, environ un médecin pour 1000 habitants, les plus démunis n'ont qu'un médecin pour 6000
habitants, Lourdes est très mal classé avec un médecin pour 6934 habitants; les miracles compenseront-ils ce mauvais score ? Vers 1900, les sages-femmes sont aussi une rareté, mais Bonrepos en comporte une qui dessert Galan. En 1846, le canton de Galan compte 0,9 médecins pour 1000 habitants, ce qui le situe dans la moyenne (source : "Bigorre et Quatre
Vallées, op. cit") . Nombre de cantons n'ont pas de pharmacie et certains médecins comme celui de Galan jusque vers 1940 y pallient avec une pro pharmacie de dépannage. Ce déficit en médecins et aussi leur coût engendre la prospérité d'une médecine parallèle constituée de rebouteux et de guérisseurs dont certains vont même jusqu'à avoir une spécialité.
Voici un graphique qui parle. Il représente les émigrants des Hautes-Pyrénées au milieu du XIXe siècle vers des pays prometteurs.
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Les conseils maternels
avant le départ. La semaine agricole 15 janvier 1882 |
Difficile à résumer, car c'est une histoire compliquée. J'ai réuni quelques éléments très succincts, simplement pour situer l'action.
Donc, si le cur vous en dit, allez à "Un bref aperçu de l'histoire de Galan".
Et si vous éprouvez un penchant pour la démographie, n'hésitez pas, cliquez ici : L'évolution de la population de Galan" depuis 1803.
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