Le Pic du Midi

Il est accessible depuis le Col du Tourmalet (2.122m.) par une route à péage de 5,30m. de large qui monte à 8% jusqu'à Sencours (2.390m.). Étape suivante et terminus, les Laquets (2.805m.), pente 12%, largeur 3,50m. La route a une longueur totale de 7,7km. A défaut d'une visite sur place vous pouvez vous rendre au Pentascope décrit par ailleurs, où vous serez confortablement installé dans un fauteuil.
Le voilà. Superbe !

Le Pic du Midi a mille vertus :
Étant situé en dehors de la chaîne des Pyrénées et du fait de son altitude (2877m), c'est un point de vue remarquable tous azimuts, à tel point que de nombreux visiteurs s'arrangent pour assister sur place au lever du soleil. On peut voir au premier plan les basses montagnes de Bagnères depuis le Mont-Aigu jusqu'à la Vallée d'Aure à l'est, la Vallée de Campan tout entière avec ses champs et ses bouquets d'arbres, la ligne de bois blanchâtres dominée par le Casque de Lhéris. Au delà on peut voir Pau, Saint-Gaudens, Miélan, les vallées du Gave, de l'Adour, de la Garonne, Tarbes, Vic, Bagnères, Lourdes, Lannemezan, Montréjeau. Le Pic d'Osseau, le Néouvielle, le Mont Perdu et son glacier, le Vignemale, la Maladeta, etc. Une véritable carte géographique à vos pieds, un spectacle étonnant.
La vocation scientifique du Pic est une histoire passionnante qui force l'admiration . En 1854 un refuge avait été construit à Sencours. En 1878, deux passionnés de montagne et d'astronomie, le Général Nansouty et l'ingénieur Vaussenat avec le soutien de la Société Ramond de Bagnères-de-Bigorre posent la première pierre de l'Observatoire qui sera terminé en 1880. Il restera longtemps le plus prestigieux observatoire du monde. Il importe de rappeler que la NASA utilisa la carte de la lune au millionième réalisée au Pic en 1968 qui permit l'alunissage de la cabine Apollo, ainsi que les clichés de Jupiter qui furent utilisés pour le guidage final de la sonde Galileo. L'équipement comporte :
- Un télescope de 200cm (TBL) qui fut utilisé par Bernard Lyot pour observer le soleil dont il découvrit les protubérances. Il a été entièrement rénové et étant à la pointe des performances actuelles, permet maintenant de faire des observations avec une haute résolution angulaire,
- Un télescope de 1m. de diamètre dédié aux observations du système solaire fournit les meilleures images planétaires depuis le sol,
Une lunette solaire,
- Quatre coronographes installés dans une nouvelle coupole furent utilisés en particulier pour accompagner la mission spatiale SOHO,
- Un télescope de 60cm mis à la disposition des amateurs confirmés.
Une activité distincte consiste à faire des recherches de physique de l'atmosphère portant sur l'évolution de la concentration en ozone dans la troposphère - sujet tout à fait d'actualité - et sur l'électricité et les précipitations atmosphériques.
Pendant un siècle deux rôles bien distincts : les recherches scientifiques et la découverte de la montagne. Pour la petite histoire un jardin potager fut même créé près du sommet pour étudier l'effet de l'altitude sur la croissance des plantes.
Vint l'heure d'un choix cornélien. Les télescopes géants de Hawaï, du Chili, des Iles Canaries et l'Observatoire de Haute-Provence furent des concurrents sérieux et déclenchèrent une polémique. Des rapports d'audit de 1992 et 1993 penchaient pour le maintien de l'observatoire de Haute-Provence compte tenu des frais à engager au Pic du Midi.
Vint en 1993 le rapport de M. Aubry, Directeur de l'Institut National des Sciences de l'Univers, qui indiquait que les activités de recherche sur le site du Pic du Midi ne pouvaient être envisagées au-delà de 1998. Cette proposition entérinée par le Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche souleva un tollé d'une partie de la communauté scientifique avec un argument de poids qui était le récent achèvement de la réfection du télescope de 2m. Il fut alors décidé une suspension de la fermeture en attendant que le Préfet des Hautes-Pyrénées rédige un rapport établissant le bilan du coût du maintien de l'Observatoire dont les dépenses devraient être réduites massivement et des recettes qu'on pouvait attendre de l'exploitation touristique du site. Le résultat fut l'élaboration du projet "Pic 2000" en cours de réalisation.
Ainsi, dès fin 1999, le touriste pourra visiter un Musée, les salles d'exposition et le site pour en découvrir l'histoire et les activités actuelles. Accès libre à des instruments d'observation pour scruter le soleil le jour et la voûte céleste la nuit. Il y aura une grande terrasse avec table d'orientation, cafétéria, restaurant, boutiques, etc.
Actuellement, chaque année, 45000 touristes accèdent au Pic du Midi et seulement en été par la route partant du Col du Tourmalet. Ils doivent faire une marche à pied d'une petite heure pour arriver au sommet. En l'an 2000, ils seront 200000 en toutes saisons au rythme de 600 par heure à emprunter les deux téléphériques. La route sera améliorée et un funiculaire à voie unique sera réalisé pour arriver au sommet. Les bâtiments seront réaménagés pour recevoir simultanément 400 personnes pendant deux heures environ, durée moyenne de la visite.
 
Pour la petite histoire, voici raconté par Hyppolite Taine* le récit humoristique de l'ascension du Pic du Midi par Paul son camarade de route :
« - Départ A quatre heures du matin dans la vapeur. Les pâturages de Tau à travers la vapeur; on voit la vapeur. Le lac d'Oncet à travers la vapeur; même vue.
- Hourque des cinq Ours. Plusieurs taches blanchâtres ou grisâtres, dans un fond blanchâtre ou grisâtre. Contempler, pour s'en faire une idée, cinq ou six pains à cacheter, d'un blanc sale, collés derrière une feuille de papier brouillard.
Commencement de l'escarpement; montée au pas, à la queue l'un de l'autre; cela me rappelle le manège Leblanc. et les cinquante chevaux qui avancent gracieusement dans la sciure de bois, chacun ayant le nez contre la queue du précédent, et la queue contre le nez du suivant, le jeudi, jour de sortie et d'équitation pour les collèges. Je me berce voluptueusement dans ce souvenir poétique. Première heure : Vue du dos de mon guide et la de la croupe de son cheval. Le guide a une veste de velours bouteille avec deux raccommodages à gauche et un à droite; le cheval est d'un brun sale et porte les marques de la cravache. Quelques gros cailloux sur le sentier. Le brouillard. Je pense a la philosophie allemande.
Deuxième heure : La vue s'élargit; j'aperçois 1'œil gauche du cheval du guide. Cet œil est borgne; il ne perd rien.
Troisième heure : La vue s'élargit encore. Vue de deux croupes de cheval et deux vestes de touristes, qui sont A quinze pieds au-dessus de nous. Vestes grises, ceintures rouges, bérets. Ils jurent et je jure. Cela nous console un peu.
Quatrième heure : Joie et transports; le guide me promet, pour la cime, la vue d'une mer de nuages.
Arrivée : Vue de la mer de nuages. Par malheur nous sommes dans un des nuages. Aspect d'un bain de vapeur quand on est dans le bain. Bénéfices : Rhume de cerveau, rhumatisme aux pieds, lumbago, congélation, bonheur d'un homme qui aurait fait huit heures antichambre, dans une antichambre sans feu.
-- Et cela arrive souvent!
-- Deux fois sur trois. Les guides jurent que non. »

* Le très sérieux Hyppolite Taine, célèbre auteur des Origines de la France Contemporaine commença sa carrière d'écrivain et se fit connaître par Le voyage aux Pyrénées qui connut un vif succès. C'est un récit de voyage plein d'humour, d'érudition, d'originalité, écrit dans une langue parfaite.

Sur le nom de "Pic du Midi" : Max de Nansouty, l'un des promoteurs du Pic du Midi cite un article du savant Charles Rabot extrait du journal Le Temps de mars 1906 qui affirme, preuves à l'appui, qu'il faut dire Pic de Midi et non Pic du Midi : "Ce n'est pas une direction, c'est l'heure que donne à la contrée, de temps immémorial, le beau pic pyrénéen. Autrefois, l'usage des horloges n'était pas répandu dans les pays de montagne; c'étaient les cimes dominant les vallées qui servaient de "cadrans solaires" aux indigènes. De père en fils tous savent qu'à telle heure le soleil se trouvera au dessus de telle aiguille ou de telle montagne, et cette habitude s'est conservée. Les guides montagnards vous disent volontiers : "Cette montagne est celle qui marque midi pour notre village; le soleil est juste dessus à cette heure là".
A Galan, l'Angelus était un signal observé pour arrêter le travail : "Je vais me retirer, c'est l'heure de la soupe".


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