I. L'évolution de la population de Galan.

Rappels préliminaires :

- Une courbe de lissage est la courbe continue représentant aux mieux des valeurs ponctuelles d'un ensemble de points. Sur le graphique ci-dessous, la courbe grise représentative du nombre annuel de naissances est "lissée", en bleu, de façon à fournir une représentation globale graphique la plus parlante et la plus proche possible du phénomène étudié. Voici un exemple de courbe de lissage des naissances :
Courbe de lissage

- La courbe de tendance serait une sorte de lissage de la courbe de lissage établie avec le but précis de créer une représentation graphique de l'évolution du phénomène dans le temps et en particulier en prolongeant la courbe de pronostiquer la tendance future. Elle est déterminée mathématiquement et utilise dans les cas qui nous intéressent des polynômes du 2ème au 6ème degré. A titre d'exemple, voici en rouge la courbe de tendance des naissances ci-dessus :
Tendance des naissances

Deux remarques :
- pour qu'elle soit la plus exacte possible, le courbe de tendance a été construite d'après les données initiales, en gris sur le graphique, et non d'après la courbe de lissage qui est déjà une approximation. Dans le cas présent la courbe est un polynôme du 3ème degré.
- Remarquez qu'à l'extrême droite de la courbe de tendance, celle-ci a été prolongée pour estimer une "prospective" des 10 années à venir, qui, sans être garantie, n'a pas trop mauvaise allure...


Les statistiques officielles ont été utilisées pour établir la courbe de tendance de la population galanaise. Le maximum se situe aux alentours de 1860 qui correspond à une période de relative prospérité. La décroissance est ensuite assez rapide mais s'affaiblit à partir des années 50.

Recensements

Les coubes de lissage


Remarques :
- Les zones en gris correspondent à des périodes où les naissances ont excédé les décès : 1800/1850.
- On voit bien le décalage de la courbe des naissances par rapport à la courbe des décès, véritable cisaillement au milieu du XIXe siècle, puis le déficit des naissances.
- Est visible le décalage de la courbe des naissances par rapport à la courbe des mariages.
Il reste à interpréter la périodicité d'environ 15 ans qui semble exister dans la courbe des décès...
[Source de toutes ces données : Archives communales de Galan].
Il est intéressant de comparer ces chiffres à ceux des Hautes-Pyrénées et à ceux de la France entière donnés ci-après.




II. Comment se situe la démographie de Galan
par rapport à celle des Htes-Pyrénées et à celle de la France entière ?


1. Période de 1801 à 1865.
[Source : "Mouvements de la population dans divers états de l'Europe et notamment en France. Leurs relations et leurs causes". 1877. Auteur : Dr Bertillon, Professeur de Démographie et de Géographie médicale à l'École d'Anthropologie de Paris; il était le père d'Alphonse Bertillon, inventeur de l'anthropométrie et le neveu d'Achille Guillard, inventeur de la démographie (op.: "Démographie comparée" 1855)].


Ce premier graphique montre que la mortalité infantile est 36% plus faible dans les Hautes-Pyrénées qu'en France. Tout de même 13% (seulement !) des enfants mourraient, ce qui explique une surabondance de naissances dans certaines familles. Mais la cause de notre "point fort" reste à élucider.
L'auteur attribue la forte mortalité infantile en France des nourrissons de moins de 1 an au mauvais "score" des régions parisienne et lyonnaise qui comportent les plus grandes villes de France où précisément opèrent les "nourrices mercenaires". Quant à la mortalité des enfants de 1 à 5 ans, elle serait due "aux chaleurs de l'été, aux sécheresses de l'automne". Nulle part l'auteur ne met en cause l'insuffisance de la médecine face à toutes sortes de maladies et aux épidémies. Il est vrai qu'on s'accorde à dater la naissance de la médecine moderne en 1885, année ou l'efficacité de la vaccination fut démontrée par Pasteur, or nos statistiques portent sur la période 1801/1865.
Remarques :
- Matrimonialité. Les courbes varient peu. En essayant de déceler les causes de la variation du nombre de mariages, l'auteur cite : l'augmentation du prix du blé (1811-1812, 1816-1818, 1846-1847, 1854-1857), les périodes de disette (1817-1828), les épidémies de choléra (1854, 1866), le coup d'état de 1851.
- Natalité. Les courbes des Hautes-Pyrénées et de la France sont toutes deux décroissantes : la France connaît 20% de chute en 64 ans, ce qui la place, dans ce domaine, en tête des pays européens.

France 26,4 Écosse 35
Danemark 31,2 Italie 37
Angleterre 34,7 Espagne 38,4
Hollande 35,5 Russie 50,7

Pour 1000 habitants voici dans le tableau ci-contre le nombre annuel de naissances dans quelques pays, dans le deuxième moitié du XIXe siècle :


D'après le Dr Bertillon, voici quelques paramètres dont dépendrait la natalité :
- La prospérité économique, mais son effet peut être tempéré par l'immigration. L'adage enseigne "Là où naît un pain, naît un homme".
-Le climat a un effet fortement dissuasif. Il doit être salubre. Exemple de la Martinique : nous sommes en 1849, l'ancien maire exhorte les métropolitains à venir s'enrichir dans l'île, à peine un quart des terres est en culture, les colons disposent à profusion de vivres, que ce soit farines, légumes, poissons, volailles ou bestiaux, et pourtant ils ne sont que 10000, alors qu'ils étaient 15000 il y a 100 ans. La natalité a du mal à compenser la mortalité.
- L'émigration a, curieusement, un effet positif sur la natalité. Au départ, une natalité surabondante favorise l'émigration, mais si les premiers émigrés ont réussi, c'est à dire s'ils vivent mieux qu'en métropole, cela se sait et la patrie s'étend virtuellement, s'adjoignant des terres nouvelles, le phénomène encourageant la procréation.
- La mortalité ou du nouveau-né ou de l'adulte, laisse des places vides qu'il faut combler.
- Étonnamment, l'Église est montrée du doigt qui "enlève à sa famille un nombre plus ou moins considérable de personnes aspirant à la sainteté et se vouant à la stérilité". Mais au fond, c'est moins grave qu'il n'y paraît, car l'Église apporte un antidote : "elle condamne l'intervention de la volonté et de la prévoyance dans les œuvres de la reproduction, ce qui tend à augmenter le nombre des membres dans chaque famille".
Il faut noter l'importance de ce sujet qu'est la baisse de la natalité, l'auteur y consacre des pages et ses recommandations ne sont pas formelles, il parle prudemment de "mesures à tenter pour la relever".

Les causes de la mortalité.
Hormis la cause évoquée plus haut à propos de la mortalité infantile, l'auteur se perd en conjectures et ne distingue pas de "faits constants" qui pourraient être incriminés.


Pour compléter le graphique précédent, voici la représentation de l'excès des naissances sur les décès pendant la même période :

Remarques :
- Pendant des années, les Hautes-Pyrénées sont plus prolifiques que la France.
- La décroissance des deux courbes est continue.
- On sent approcher l'accroissement nul pour la fin de la période 1856/1865, ce qui confirme l'observation faite à propos du graphique ci-dessus "Mariages, naissance et décès à Galan" élaboré à partir des archives communales.

À quel âge se marie-t-on en France et dans les Hautes-Pyrénées ?



Les maximums des courbes en trait plein rouge et bleu relatives aux Hautes-Pyrénées sont décalées horizontalement d'environ 4 années. Les femmes de 20 à 30 ans se marient 4 ans plus jeunes que les hommes. Passé cet âge, il n'y a plus de différence. Les courbes en pointillés rouge et bleue relatives à la France font apparaître les mêmes maximums décalés de 4 ans et d'un an par la suite.
Le décalage des deux courbes bleues par rapport aux deux courbes rouges montre que les Hauts-Pyrénéens se marient environ 5 ans plus âgés que les français en général.

2. Période actuelle.
[Source : "INSEE et Chambre de Commerce et d'Industrie de Tarbes.]

Comparer les Naissances - Décès entre France, Htes-Pyrénées, Galan n'est pas possible pour la raison suivante: il existe à Galan deux hospices de vieillards qui génèrent, à l'évidence, davantage de décès que de naissances, ce qui fausse les résultats, d'autant plus que les personnes habitant l'hospice ne sont pas toutes originaires de Galan et que les naissances des Galanais ne se font plus à Galan mais à Lannemezan ou à Tarbes.



La population de Galan d'après quelques dictionnaires :

[Nouveau dictionnaire universel de la langue française.
de J.-F. Roland. 1812.]
Galan, ville de l'Armagnac, Hautes Pyrénées.

[Dictionnaire Géographique portatif
contenant la description générale et particulière
du monde connu. 1827.]
GALAN, chef-lieu de canton, Hautes-Pyrénées. 6 lieues Est de Tarbes, sur la Baïse-Devant. 908 habitants.

Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle
par M. Pierre Larousse. 1867
Bourg de France (Hautes-Pyrénées), chef-lieu de canton, arrondissement, à 36 km de Tarbes, entre la Baysole et la Bayse; population agglomération 847 habitants, population totale 1300 habitants. L'église classée parmi les monuments historiques paraît avoir servi de forteresse.

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Copyright J.-P. Maquaire