La monographie de 1887

Voir également : Nous ne faisons que reprendre en le résumant le document établi consciencieusement en 1887 par P. Lahaille, l'instituteur d'alors, sur ordre de l'Inspecteur d'Académie de Tarbes qui demanda par circulaire du 11 janvier 1887 à tous les instituteurs des villages de moins de 3000 habitants des Hautes-Pyrénées de lui faire un rapport traitant des quatre sujets suivants :
- Géographie physique,
- Démographie,
- Économie,
- Culture.
Il s'agit de mettre en exergue les progrès réalisés depuis 1877 "sous l'énergique impulsion du Gouvernement de la République". Le document concernant Galan comporte 20 pages, une parfaite copie sans ratures, sans fautes, calligraphiée, en tout points conforme à la demande hiérarchique.

I. Description géographique.
Rien de très nouveau : les villages proches, les rivières qui bordent le village qui sont déjà alimentées par le canal de la Neste sont sujettes à des crues de printemps redoutables. L'alimentation en eau est assurée par deux puits qui est bonne et fraîche, quant aux sources, il y en a deux :
- Picharraou est calcaire, elle "excite l'appétit et soulage les migraines" et de plus "on y baigne les petits enfants dont le système osseux est faiblement développé et présentant des signes d'anémie.
- L'arrouzé. Cette eau est encore employée en bains locaux pour les maladies des jambes et on lui prête aussi des vertus curatives pour les affections des yeux". "Depuis des temps immémoriaux, le matin de la Saint Jean, à partir de minuit jusqu'au lever du soleil, de personnes ferventes et particulièrement des femmes, transportent près de la source de l'Arrouzé une vierge en plâtre, improvisent un petit autel au moyen d'une table et y font brûler des cierges bénits à cet effet. Là, chacun prie; certains se lavent avec l'eau de la source; quelques personnes même vont y faire des ablutions avant d'aller se louer comme domestiques. Au point du jour, tous se retirent en se promettant de revenir à la Saint Jean suivante".

Altitude de Galan : 368 mètres. Climat excellent, etc. Le territoire de Galan a une superficie de 1405ha 71a 22ca, à 36km de Tarbes, sol argilo-calcaire "excellent sur les pentes", naturellement boisé, terres en grande partie cultivées.

II. Division territoriale et partie administrative.
"D'après le recensement de 1886, la population de Galan s'élève à 1241 habitants. Ce chiffre tend à diminuer... La progression est sensiblement décroissante. Les causes de cette décroissance sont les mêmes que dans beaucoup d'autres lieux : abandon de l'agriculture par les jeunes gens pour des emplois de la ville, service militaire obligatoire, émigration, un certain état d'anémie de la population par suite d'excès de travail et de privations, etc.". [Voir le chapitre Démographie].
Depuis le procès-verbal de 1829, le territoire de Galan se subdivise en 7 sections qui sont : Sancan, Place débat, Haoute hérède, la Caoue, la Ville, les Mouras, les Bourdalats. Il y a 12 Conseillers Municipaux ayant à leur tête un Maire assisté d'un adjoint. Le garde-champêtre est l'unique fonctionnaire municipal. Il y a une perception, un Receveur de l'enregistrement, un conducteur des Ponts et Chaussées, un bureau de la poste et du télégraphe, un bureau de tabac avec recette buraliste.

III. Produits du sol. Voies de communications.
Voici les cultures pratiquées à Galan avec leur valeur vénale :


Ce graphique extrait du tableau ci-dessus montre le revenu total des diverses cultures pratiquées à Galan :


On peut comparer ces chiffres à ceux de 1852 (voir Que cultivaient-ils ?)

Le froment arrive en tête et rapporte, grains et paille, 362 francs à l'hectare, il est suivi de près par le le maïs qui rapporte 351 francs à l'hectare pourtant près de 6 fois moins cultivé.
Le colza est cultivé sur 4 hectares, il produit 12 hectolitres de graines à l'hectare au prix de 33 francs l'hectolitre. Rapport : 396 francs l'hectare. C'est la plante la plus rentable et la moins cultivée.
Le lin (25 hectares) fait partie des cultures traditionnelles. Voir les tisserands dans : Les Artisans et les Commerçants.
Prés naturels : 190 hectares qui, avec une production de foin de 50 quintaux métriques de foin à 3 francs le quintal soit 150 francs l'hectare, représentent un revenu annuel de 28500 francs pour les Galanais. Les prairies artificielles sont en plein essor : 47 hectares de luzerne, sainfoin, trèfle. En effet, le fait que ces légumineuses enrichissent gratuitement le sol en azote commence à se savoir.
Tous les arbres fruitiers sont cultivés en abondance avec une mention spéciale pour les pommiers et les châtaigniers. La vigne est cultivée sur 145 hectares ; elle n'a pas encore subi le phylloxéra mais est sensible au mildiou qu'on est bien décidé à combattre avec le sulfate de cuivre.
Les bois sont exploités, ils fournissent les glands, les châtaignes et les bois de chauffage et "de travail". "On fait tous les ans une coupe ordinaire et une coupe extraordinaire... Le reboisement s'opère au moyen de semis, on se trouve mieux de ce système que de la plantation".
Les animaux traditionnels : bœufs, vaches, veaux, chevaux mules et mulets, quelques ânes, peu de moutons, des porcs en grand nombre, toutes les volailles, et, à noter, déjà "Le gibier se fait rare, le poisson également".

Les voies de communications.
A peu de choses près ce sont nos routes actuelles : la route départementale nord-sud Valence d'Agen-Lannemezan traverse Galan sur 4 km et les chemins de grande communication sont au nombre de trois :
  1. le N°28 Boulogne-Lourdes dessert Recurt, Galan, Bonrepos,
  2. un embranchement de ce chemin dessert Montastruc,
  3. le N°30 relie Galan à Trie par Libaros
Un chemin d'intérêt commun Galan-Bizous dessert Clarens.
Le rédacteur note que le chef-lieu du département est difficile d'accès et que la voie ferrée qui passe à Lannemezan est à une douzaine de kilomètres. "Aucune voiture publique ni diligence ne fait le service des voyageurs. Le seul moyen de transport est la voiture du courrier des Postes. Cette voiture passe à Galan le soir vers six heures et demie venant de Miélan et de Trie pour se rendre à Lannemezan; Elle repasse vers les cinq heures du matin venant de Lannemezan vers Trie et Mielan. Il serait souhaitable que cet état de choses fut amélioré".
Une mention pour le marché qui se tient le jeudi et pour les quatre foires annuelles, "mais le mouvement des échanges n'est pas bien important; les principales affaires se font sur les châtaignes, les pommes de terre, les fruits, surtout les pommes de pommier, la volaille et les porcs".

IV. Histoire de Galan.
Voir Un bref aperçu de l'Histoire de Galan.

IVbis. Enseignement.
Je lis : "C'est à Clarens que se trouvaient toutes les écoles où tous les enfants de la contrée étaient admis; ils y recevaient les premiers éléments de la grammaire...". La chose semble difficile à admettre car on ne voit pas des enfants faire 6 kilomètres deux fois par jour pour aller à l'école. Madame Duprat, auteur de l'Histoire de Clarens conteste la chose. Suivent des complaintes qui paraissent fondées sur l'exiguïté de la salle d'école qui se trouve au premier étage de la Mairie, l'insuffisance du chauffage, "le plancher, très vieux, présente par places une surface inégale". On utilise une salle attenante affectée aux audiences de la justice de paix, pour la récréation "réglementaire", il faut conduire les enfants dans une promenade située à une centaine de mètres de là. "La création d'une maison d'école s'impose, malheureusement les ressources de la communes sont très minimes. Cette situation réclame toute la sollicitude du gouvernement". Déjà les subventions !
La fréquentation laisse à désirer, surtout à partir du mois de mai car les parents confient alors aux enfants la garde des bestiaux. Mais la conclusion n'est pas trop sombre : "Cependant, la moyenne de l'instruction est satisfaisante, il n'y avait pas de conscrits illettrés l'année dernière, tous les conjoints on pu également signer leur nom".
[Bigorre et Quatre Vallées, (op. cit.) mentionne que plus de 50% des hommes savaient lire en 1856].
Une dernière mention a trait à la bibliothèque "scolaire et populaire" de 225 volumes, mais elle a peu de lecteurs car il n'y a guère de livres "intéressants et utiles". Enfin le Directeur de l'école a le traitement d'un instituteur de commune rurale, "j'ajoute cependant, pour dire toute la vérité, que, depuis trois ou quatre ans, la municipalité m'a gracieusement accordé une gratification annuelle de 150 francs".

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Copyright J.-P. Maquaire