L'Escaladieu
Une authentique Abbaye Cistercienne

Cette Abbaye se situe à une vingtaine de kilomètres de Galan, en bordure des Baronnies et tout près du Château de Mauvezin. Tél.: 05 62 39 16 97.

Une brochure-guide sur l'Escaladieu (voir Bibliographie sommaire) datant de 1958 comporte une curieuse préface. Elle est signée Raymond Lœwy, 31 août 1955. Qui était Raymond Lœwy ? Un des grands stylistes de notre temps. On dirait maintenant designer. Il dessina les voitures américaines de l'après-guerre et de nombreux objets de la vie courante dans le monde entier. Sa devise était : "La laideur se vend mal ". Il est curieux de le lire au sujet de l'Escaladieu car le site était apparemment bien lointain de ses affaires. En artiste et esthète qu'il était, voici ce qu'il écrivit :
 « Maintes fois, dans mes voyages autour du monde, il m'a été donné de visiter des lieux historiques dont la réputation est universelle; que ce soit un Temple au Japon, une citadelle antillaise ou simplement un palais à Florence. Ces lieux d'une beauté profonde, d'une puissance magistrale ou d'un luxe précieux sont, à vrai dire, assez nombreux. Leur renommée a précédé le visiteur et la surprise est fort souvent assez légère. Plus intéressants peut-être sont les endroits où on découvre avec enchantement des trésors inattendus d'art ou de folklore. Ces liens sont heureusement encore nombreux et ils font la joie des amateurs qui disposent de beaucoup de temps et d'une connaissance esthétique et historique développée.
Mais il est d'autres sources d'intense satisfaction qui à mon avis sont fort rares et d'une matière plus subtile : l'Escaladieu en est une. Là, j'ai trouvé dans un cadre adorable l'élégance modeste de l'art Cistercien dans toute sa pureté. Puis-je en suggérer la visite "au ralenti" à ceux qui savent apprécier la grâce des demi-tons. Pour les heureux qui savent un instant s'échapper du tumulte de la vie, du trafic de la grande route cet endroit est simplement et naturellement délicieux
. ».

L'Abbaye connut bien des malheurs y compris dans son histoire relativement récente.Abbaye Cistercienne Mais elle est tout de même encore très belle. Tout commence bien : construction en 1140 avec l'aide des deniers des Comtes de Bigorre. Saint Bertrand de Comminges y demeure et y fait de nombreux miracles, ce qui renforce la renommée, la puissance et la prospérité du couvent. C'est le Pape Alexandre III qui canonisa Saint Bertrand sur l'attestation de religieux qui avaient été témoins de sa vie.
L'histoire raconte qu'au XIIIème et XIVème siècle l'Escaladieu s'enrichissait au détriment des paysans; on a même été jusqu'à écrire : « ...la misère des paysans croissait en proportion de l'opulence des moines ». Ah, ces moines !...
Mais au XVIe siècle les choses tournent mal : mus par la convoitise, les huguenots assaillent le couvent qu'ils saccagent*. Nouvel assaut, toujours par les huguenots, en 1567. L'endroit devient une forteresse redoutable mais l'anglais Montgomery l'occupe. Il découvre des ruines. Au XVIIe siècle, ce sont les moines qui se rebellent. La maréchaussée intervient et fait un triste constat : les moines sont partis sans laisser une goutte de vin ! Or, en principe, les moines cisterciens sont soumis à une règle sévère : pauvreté, travail manuel, copie de documents, prière toutes les trois heures... On a du mal à comprendre.
Encore de sérieux problèmes à la révolution : le monastère, bien national, est vendu. Divers propriétaires privés se succèdent au initiatives pas toujours heureuses. Finalement depuis 1997 le propriétaire est le Conseil Général. D'importants travaux ont été réalisés en 1998. Tout n'est pas restauré, mais l'Abbaye est sauvée et l'ensemble bien entretenu a belle allure. A visiter en détail, plan en mains.
Des concerts ont lieu dans l'Abbatiale. Au premier étage, des expositions, des conférences, des animations diverses. L'Abbaye de l'Escaladieu renaît et revit. Rien que pour la saison d'été 1999, on ne compte pas moins de :

* La légende du Frère Raoul.
« Frère Raoul, moine de Scala Dei, avait une sœur jeune et belle comme elles le sont toutes dans les légendes. Son fiancé, à la tête d'une bande Huguenots, attaqua ce Monastère et fut tué par le frère Raoul. Inconsolable de cette tragédie il n'a plus de repos et hante les lieux de son désespoir. Sa sœur meurt de chagrin et son ombre triste passe dans le cloître à la recherche de celui qu'elle aima. »

Une remarque curieuse de A. Abadie dans son Itinéraire Historique des Hautes-Pyrénées : Ce couvent mérita d'être appelé "École de la vertu". Il fut l'asile d'un grand nombre de pieux personnages, et de Pétronille, Comtesse de Bigorre, fameuse par ses cinq maris, et par son testament où elle reconnaît une dette de dix-huit sous pour des souliers envoyés à la reine d'Angleterre.
A. Abadie ne manque pas d'humour.

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