Des personnes peu éclairées craignent toujours que l'emploi des machines n'enlève le travail à une grande partie des ouvriers qui sont employés dans les fabriques : on a dû éprouver les mêmes craintes lorsqu'on a découvert la charrue et l'imprimerie; mais, en remontant à l'origine des arts pour en suivre les progrès jusqu'à nous, on voit que la main de l'homme s'est constamment armée de machines qu'on a perfectionnées peu à peu; et que la prospérité de l'industrie a été toujours proportionnée à ces améliorations. La raison en est, que les machines, en diminuant le prix de la main d'œuvre, font baisser celui du produit, et que la consommation augmente, par le bas prix, dans une progression plus forte que celle de la diminution des bras : d'ailleurs, en augmentant les produits, on donne lieu à un plus grand nombre de travaux de détail qui exigent de la main d'œuvre et emploient plus de bras qu'on ne pourrait le faire par une fabrication sans mécaniques qui serait forcément moins étendue. La population de Manchester et de Birmingham n'était pas le dixième de ce qu'elle est devenue depuis l'adoption des machines; et, à coup sûr, il y a aujourd'hui plus de personnes employées dans les imprimeries qu'il n'y avait autrefois de copistes. D'ailleurs, il n'est pas au pouvoir d'une nation, qui veut avoir une industrie manufacturière, de ne pas adopter les machines dont on se sert ailleurs : elle ne pourrait ni faire aussi bien, ni vendre au même prix; et, dès lors, elle perdrait sa fabrication : c'est donc aujourd'hui un devoir que de les employer, et l'avantage reste à celui qui a les meilleures. |