La longévité des Galanais.
Le Sud-Ouest de la France est mondialement.
bien classé, presque jalousé !
Mythe ou réalité ?

La "La Revue des Pyrénées" de janvier-février 1889 s'intéressait à la longévité qui semblait déjà être une particularité de notre région. Voici ce qu'on pouvait y lire :

"Sur l'invitation de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie, M. E. Levasseur a présenté à l'Académie des Sciences Morales et Politiques une communication relative aux résultats de l'enquête faite lors du recensement de 1886 sur le nombre de centenaires en France. Nous relevons dans cette communication une observation qui intéresse notre région :

"Le recensement a enregistré plus de centenaires dans le Sud-Ouest que dans le reste de la France. Or, le relevé des décès confirme cette répartition; car le quart des centenaires morts de 1866 à 1885 appartiennent à six départements : Gironde, Landes, Basses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège, et une carte dressée par M. Turquan fait voir que tout le bassin de la Garonne, des Pyrénées au Puy-de-Dôme, compte à lui seul autant de décès de centenaires que dans le reste de la France"...



Jacques Longué effleure le sujet dans son amusant et fort intéressant livre

"Les Hautes-Pyrénées en 600 questions"

- Question : Quelle est l'espérance de vie dans les Hautes-Pyrénées ?
- Réponse : Supérieure d'un an à la moyenne nationale : 75 ans pour les hommes, pour les femmes, 82 ans.



La première partie de cet exposé a trait à la fréquence des maladies cardio-vasculaires en France et plus particulièrement dans le Sud-Ouest. En effet, cette maladie, l'une des plus courantes, comporte souvent une issue fatale ce qui autorise à lui associer la notion de longévité.
Les décès dus au cancer sont également nombreux. Leur fréquence dans la région sera examinée en deuxième partie.

Des études statistiques sérieuses démontrent deux phénomènes :

  1. Les affections cardio-vasculaires, maladies mortelles les plus courantes, sont plus rares en France que dans tous les autres pays industrialisés.

  2. En France, le sud-ouest est la région la moins atteinte par ces maladies.

Les faits sont là, indéniables, acceptés par la communauté médicale dans son ensemble. Mais à ce jour, il est difficile de déterminer avec certitude, c'est-à-dire preuves scientifiques à l'appui, une quelconque relation de cause à effet. Des hypothèses sont émises, mais pour l'instant rien n'est sûr. Aussi je me contenterai de fournir les faits indiscutables prouvant que Galan, dans ce domaine aussi, est un village privilégié :


Galan, le Paradis en Bigorre ! ! !



Nombre de décès pour 1000 hommes/an
dus aux maladies cardio-vasculaires
en fonction de la consommation de vin.
Vive le VIN ???
Le graphique* ci-contre montre que l'Italie et la France sont les plus gros consommateurs de vin. Pourtant, ce sont les pays les plus préservés. Mais ceci n'autorise pas à bâtir le sophisme primaire "Buvez du vin, il diminue les risques de mortalité !", raccourci trop facile qui tente même des personnes ayant une culture médicale. Le Docteur Abastado** ne tombe pas dans ce piège. Mais, il y a un "mais", je cite  : « Mais ce dernier, [le vin] pourrait s'associer à d'autres traits spécifiques de chaque pays tel l'alimentation, le système de santé. Ce serait alors cette caractéristique nationale qui aurait une influence causale favorable. » . La porte est donc entrouverte.

Une autre étude citée par cet auteur a montré que les Français, bien que n'étant pas les champions en matière de taux de cholestérol - ils se situent très exactement dans la moyenne avec 2,25 g/l - détiennent malgré tout un taux de mortalité coronarienne parmi les plus faibles d'un pour mille par an. En comparaison, l'Irlande avec un taux moyen de cholestérol identique à celui de la France a un taux de mortalité coronarienne de 5,6 pour mille et par an. Ces aberrations laissent pantois les américains qui parlent, désorientés, de French Paradox.
Donc, pour la France en général, les choses se présentent bien. Examinons maintenant plus particulièrement le sud-ouest dont Galan-en-Bigorre.

 2/ Nous avons la chance d'être en possession depuis le 8 mai 1999 des résultats d'une enquête qui a suscité un grand intérêt dans le monde médical et scientifique international. Elle a duré 10 ans, a été menée dans 21 pays auprès de 7,2 millions de personnes. Cette enquête avait pour but de dénombrer le nombre et l'évolution fatale ou non des maladies cardio-vasculaires***. En France, les trois villes test choisies ont été Lille, Strasbourg et Toulouse. Première constatation heureuse indépendante du site : la chute globale annuelle de mortalité en France est de 2,7% chez les hommes et de 2,1% chez les femmes.

Lieu Nombre de cas
pour 10.000 hommes et par an
Nombre de cas
pour 10.000 femmes et par an
Pékin (Chine) 8,1 3,5
France (moyenne) 28 5,5
Glasgow (Écosse) 77,7 26,5

Les chiffres donnés sont des moyennes; il existe de grandes disparités d'un pays à l'autre comme le montre le tableau ci-dessous relatif aux maladies coronariennes.
Chez les hommes de 35 à 64 ans, il y a 9,6 fois plus d'accidents coronariens non fatals à Glasgow qu'à Pékin ! Chez les femmes, ce rapport est de 7,6 et le nombre de cas est très inférieur à celui des hommes, mais pourquoi ce privilège de naissance ?

Autre connotation importante pour Galan, le "Paradis-en-Bigorre" : il existe d'importantes disparités entre différentes villes d'un même pays et, en ce qui concerne la France et ses trois villes test, les chiffres suivants sont éloquents, c'est-à-dire flatteurs pour notre Sud-Ouest :

Lieu Nombre de cas
pour 10.000 hommes et par an
Nombre de cas
pour 10.000 femmes et par an
Lille 29,8 6,4
Strasbourg 29,2 6,4
Toulouse 23,3 3,6

Conclusion : il y a à Toulouse 1,8 fois moins d'accidents coronariens qu'à Lille !  Et Galan étant situé à une centaine de kilomètres à vol d'oiseau de Toulouse, il n'est pas outrancier de lui conférer les vertus de Toulouse. Mais ce n'est pas tout : on pourrait reprocher à ces chiffres de n'avoir trait qu'aux atteintes coronariennes en ignorant les atteintes cardio-vasculaires et les décès en résultant. Voici des histogrammes représentant sous forme visuelle ces trois paramètres ainsi que les nombres exacts correspondants :

Hommes
(C-V = cardio-vasculaire)

Hommes Accidents coronariens non fatals Accidents C-V non fatals Accidents C-V fatals
Lille 29,8 12,6 17,2
Strasbourg 29,2 15,2 14,1
Toulouse 23,3 14,2 9,1


Femmes
(C-V = cardio-vasculaire)

Femmes Accidents coronariens non fatals Accidents C-V non fatals Accidents C-V fatals
Lille 6,4 1,9 4,4
Strasbourg 6,4 2,7 3,6
Toulouse 3,6 1,5 2,2

Ces statistiques démontrent, chiffres à l'appui, que nous sommes dans une région étonnante : on y boit du vin, notre taux de cholestérol est loin d'être parfait, et pourtant nous sommes les moins atteints dans le domaine particulièrement sensible des accidents cardio-vasculaires et de la mortalité qui en résulte. Pourquoi ? Pour l'instant, on ne sait pas trop; pendant que les médecins et chercheurs se perdent en conjectures, le monde nous envie. Évidement, ce ne sont là que des statistiques et l'affirmation souveraine qui consisterait à dire : "comme les français, buvez du vin, mangez de la graisse d'oie ou de canard, etc. - ce que j'ai même entendu affirmer par un professeur en chirurgie dentaire - et vous vivrez plus vieux", serait totalement illogique. Il faudrait en effet se livrer à des expériences durant des années où, dans la même région, on créerait des groupes de population distincts, les uns buvant du vin, les autres n'en buvant pas, etc. Alors, les statistiques dénombrant les cas d'affection chez les uns et chez les autres pourraient être probantes car elles démontreraient une relation de cause à effet. Mais nous n'en sommes pas là...
Ah, ce French Paradox ! ! ! ...
Mais quelle qu'en soit la cause, peu importe :

oui, Galan est bien le "Paradis-en-Bigorre".


C'est incontestable.



Mortalité due au cancer.


Le cancer est une cause de mortalité en France du même ordre de grandeur que les maladies cardio-vasculaires. Voici la carte montrant comment se répartissent en France les décès par cancer chez les hommes. Galan n'est pas en tête, mais n'est pas mal placé...

Comment cette carte* s'interprète-t-elle ? Un nombre figurant dans l'échelle est le rapport entre le nombre de décès observés, appelé "O" et le nombre de décès attendus, appelé "A". La définition du nombre de décès observés, va de soi; le nombre de décès attendus, dans un département est nombre de décès moyen pour la France entière qui est corrigé pour prendre en compte la répartition d'âge propre à ce département. Prenons le cas de Galan : le département des Hautes-Pyrénées a un rapport O/A de 0,85 à 0,89. Cela veut dire qu'il y a 11 à 15 % de décès en moins à Galan que dans la France en général compte tenu du paramètre "âge" propre à Galan. Cette façon d'opérer a le grand mérite de comparer les départements français en éliminant l'effet de l'âge afin de s'en tenir à la seule répartition géographique. Sans cette précaution, apparaîtrait une surmortalité dans les départements où la proportion de sujets âgés est prédominante, et une sous mortalité dans les départements où les sujets jeunes prédominent, ce qui altérerait les résultats de fréquence "géographique". On élimine ainsi le paramètre "âge" pour étudier les autres causes du cancer.
À noter que, comme j'en ai fait la remarque pour les maladies cardio-vasculaires, une fois le paramètre âge éliminé, l'interprétation des causes de la maladie suivant le département, la latitude, etc., n'est pas du tout évidente. On ne saurait dire à un Lillois : "allez vivre à Galan, vous encourrez moins le risque de cancer". En somme, Galan est nettement favorisé en ce qui concerne certaines maladies, les statistiques sont formelles, mais quant à savoir pourquoi ...?
Remarque : Le taux national de décès (standard européen) est de 294,5 pour 100000 hommes, alors qu'il n'est que de 129,3 pour les femmes. Comme pour les maladies cardio-vasculaires, les femmes sont très avantagées. Et si elles sont Galanaises, n'en parlons pas.

* Ces renseignements sont issus d'un article du "Figaro Magazine", supplément sur "Le Cancer" du 19 juin 1999, complétés par Madame Hill, Chef de Service de Bio statique et d'Épidémiologie, Département de méthodes d'Aide à la Décision et d'Information médicale (MADIM), à l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif.


La pollution due au radon.****

On ne connaît pas parfaitement les méfaits de ce gaz rare qu'est le radon. Il est produit par la désintégration du radium et du thorium; comme il émet des rayons alpha, les substances qui sont en contact avec lui deviennent radioactives, ce qui en fait un produit toxique. On le rencontre en France dans les régions suivantes : Bretagne, Franche-Comté, Auvergne, Limousin et Corse. Les Hautes-Pyrénées figurent aussi parmi les 23 département touchés, mais les concentrations y sont relativement faibles. La norme européenne fixe un concentration maximum de 400 becquerels par m3 pour les logements anciens et 200 Bq/m3 pour les logements neufs. Effectivement les Hautes-Pyrénées ont, par endroits, un taux de radon de plus de 400 Bq/m3, seules sont dans le collimateur les communes suivantes : Andrest, Nistos, Pierrefitte-Nestalas, Saint-Laurent de Neste, Séméac. Même pour ces dernières communes, le risque ne semble pas excessif puisque ce n'est qu'à partir de 1000 Bq/m3 que les autorités scientifiques estiment que le radon "pourrait expliquer l'apparition de certains cancers, notamment de la thyroïde".
Donc, Galan, là encore, est épargné.



Les centenaires de Galan.

Aucune statistique n'a été faite sur les centenaires de Galan. Mais ici tout le monde en a connu : la dernière Galanaise centenaire est décédée début 1999 à l'âge de 106 ans. Ma propre grand'tante qui a vécu toute sa vie à Galan est décédée à 101 ans et ½, ce que la famille ressentit douloureusement certes, mais aussi un peu comme un échec, car sa contemporaine galanaise et rivale fut enterrée, elle, à l'âge de 102 ans.
Quand ses deux neveux médecins l'interrogeaient, alors qu'elle avait 100 ans, sur ses recettes de jouvence, elle répondait invariablement : « Depuis ma jeunesse - elle avait 28 ans quand Jules Renard naissait, était née sous Louis-Philippe et nous racontait la guerre de 1870, elle avait alors 27 ans - je bois, chaque jour que Dieu fait, mon petit verre de bordeaux », et elle ajoutait malicieusement « mais aussi, je suis restée vieille fille » puis entonnait aussitôt "La Chanson de la vieille fille", comme s'il y avait un rapport ...



Les statistiques, c'est comme le bikini : ça donne des idées, mais ça cache l'essentiel.
Alfred Sauvy, économiste.

[Mais que votre imagination ne vous entraîne pas à rêver ainsi à ma grand'tante évoquée quelques lignes plus haut.]
 


Sources

* Publié en 1979 par la revue "The Lancet" pages 1017-1020, auteurs : A.S. St-Léger, A.L. Cochrane, F. Moore, sous le titre : Factors associated with cardiac mortality in developed countries with particular reference to the consumption of wine.
** Dr Philippe Abastado, auteur de "Cholestérol, maladie réelle et malade imaginaire", Ed. Pour le progrès de la connaissance, juillet 1998.
*** Contribution of trends in survival and coronary-event rates to change in coronary heart disease mortality : 10 years results from 37 Who Monica Project populations. "The Lancet." Vol 353 8 mai 1999 pages 1547-1557.
[Nota : La revue anglaise "The Lancet" fait autorité dans le monde médical et scientifique.]
**** Environnement. L'insidieuse pollution au radon de Jean-Paul Croizé. Le Figaro du samedi 7 et dimanche 8 octobre 2000.

Oiseau Aller revoir La vie est facile et agréable à Galan,
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