Le blason de Galan

Les Galanais en sont fiers !
Son histoire nous est contée, entre autres, dans les publications suivantes :
- Historique du Prieuré Saint-Julien, de Georges Bouchard "Le Journal des Vallées" mai 1999,
- Histoire de Clarens d'Anne-Marie Duprat et Georges Bouchard,
- Histoire de Lannemezan de Georges Bouchard.

Les armes de la ville de Galan.

Les armes de France devinrent celles de la ville de Galan, bastide royale, simplement les couleurs furent inversées : au lieu "D'azur à trois fleurs de lys d'or", l'écu de Galan porte "D'or à trois fleurs de lys d'azur". Ce privilège important dont peu de villes peuvent se glorifier est officiellement constaté par l'Armorial Général dressé en vertu de l'Édit de novembre 1696 par le héraut d'armes d'Hozier et publié par Louis d'Isarny-Gargas, où on peut voir à la page 1101 les armes de la ville de Galan comme décrites ci-dessus.

Référence : Bibliothèque Nationale, Salle des Manuscrits.

Voici son histoire : le blason date du règne de Louis XIV (1643-1715). Comme cela est déjà arrivé et arrivera encore, les caisses du Royaume ont été vidées par les guerres et Colbert décédé en 1683 n'est plus là pour maîtriser les dépenses. Le Roi s'ingénie à mettre en place des expédients pour redorer le blason de la France, c'est le cas de le dire. La capitation générale créée en 1695 s'avère être un impôt insuffisamment rentable. En 1696, le Roi imagine de faire une nouvelle délivrance de lettres de noblesse à 500 sujets, à charge pour eux de "vivre noblement" et de payer une somme "modérée fixée par le Conseil". Mais le fait d'accéder à la noblesse procure aux bénéficiaires, entre autres avantages, des exemptions d'impôts, ce qui affaiblit la mesure. La Duchesse de Roquelaure, fille d'honneur de la Dauphine avant de passer par le lit royal aura une idée... souveraine ! Elle imagine un impôt idéal, de rapport certain et dont le paiement sera facultatif :
- Sire, il existe un droit susceptible d'être accordé sans inconvénient à ceux qui voudront l'acheter.
- Dites-moi, Madame, ce à quoi vous pensez.
- Pourquoi Votre Majesté ne créerait-elle pas un office chargé d'enregistrer les armoiries de ceux qui désirent en avoir ?

Cette idée séduisit le Roi qui, en novembre 1696, signa un Edit portant la création d'un Armorial Général à Paris ou Dépôt des armes et blasons du royaume, ainsi que d'autres dépôts en province.
L'idée de la Duchesse rapporta 7 millions de livres au Trésor public. C'était l'exploitation de la vanité humaine : désormais, porter des armes n'était plus un privilège nobiliaire réservé aux seuls gentilshommes. Dans son édit le Roi précisait bien : "Les officiers, tant de notre Maison et de celles des Princes et Princesses de notre sang que ceux d'épée, de robe, de finance et des villes, les ecclésiastiques, les gens du clergé, les bourgeois de nos villes franches et autres qui jouissent à cause de leur charge, états et emplois, de quelques exemptions, privilèges et droit public, jouiront aussi d'avoir et de porter les armes à la charge de les présenter dans les deux mois de la publication du présent Edit."
La taxe est modérée : 20 livres par personne. De nombreux bourgeois, des gens de robe, des maîtres-rôtisseurs, des cuisiniers, des aubergistes, des marchands-drapiers, des merciers, des épiciers, flattés de s'émanciper ainsi, s'inscrivent en masse. Exemple : 83 docteurs en médecine de la Faculté sur 90 s'inscrivent. Les couvents sont taxés à 25 livres, les abbayes et les communautés à 50 et les villes à 100 livres. Mais c'était trop beau, le Roi, par un arrêt du 17 décembre 1699, décide d'exempter de droits un certain nombre de personnes pauvres. C'est le début d'un relâchement qui ira en s'accroissant : on ne se soucia plus de se faire enregistrer dans l'Armorial Général et chacun fut libre de s'anoblir sans bourse délier et ce jusqu'à la Révolution.

Les armes liturgiques de Galan.

Elles sont gravées dans des disques de calcaire tendre d'une trentaine de centimètres de diamètre qui sont fixés aux clés de voûtes de l'Église Saint Julien. Dans la nef, sur les trois clés de voûte, les armoiries sont identiques, ce sont celles de Foix-Béarn (voir plus loin).
Redécouvert après 600 ans !
Une armoirie de la nef
Dans le chœur, cinq gravures différentes. On est tenté de faire la remarque suivante : quels observateurs visait-on en plaçant à 13,30 mètres au dessus du sol et dans un endroit peu éclairé des armoiries dont la plus grande dimension ne dépasse pas 25 centimètres. Elle sont quasi invisibles depuis le sol, même si on les imagine coloriées, ce qu'elles étaient à l'origine, mais elles ont été peintes à la chaux blanche par la suite. Il a fallu attendre 600 ans, à l'occasion de la rénovation de l'intérieur de l'Église pour que de nombreux Galanais en apprennent l'existence et en découvrent les détails. Mademoiselle Michou, historienne qui s'intéresse à notre église, a une réponse immédiate à cette question : "Croyez-vous, me dit-elle, que la signature d'une œuvre d'art soit ce qu'il y a de plus important ? Or ces armoiries sont précisément des signatures".

Héraldique.
Pour les amateurs, voici la description de ces trois armoiries de la nef qui sont identiques :

"Écartelé au 1er et 4ème quartier, à trois pals de gueule*",
qui sont de Foix,

"au 2ème et 3ème quartier, à deux vaches passantes de gueule, accornées, accolées et clarinées d'azur*,
posées l'une sur l'autre
",

qui sont de Béarn.

* En héraldique, gueule = rouge, azur = bleu, sinople = vert.

On remarque que ce blason est bordé en haut et sur les côtés d'un dessin qu'on interprète ainsi : "Chapeau d'Évêque de sinople à trois rangs de houppes".
C'est ce qu'on appelle le timbre ecclésiastique, ici, un couvre-chef plat à larges bords garnis de deux cordons terminé par des houppes à trois rangs. De même un Cardinal se distingue par des cordons terminés par 5 houppes au lieu de 3. Pour les Cardinaux, le chapeau est de gueule et non plus de sinople.

Exemples de timbres ecclésiastiques

Extrait de L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

Pour la petite histoire, c'est le Pape Innocent V qui créa en 1245 cet insigne pour les Cardinaux. Initialement, les cordons étaient noués sous le menton.
Ces armoiries sont à rapprocher de celles du Cardinal Pierre de Foix qui sont :

"D'or à 2 vaches de gueule l'une sur l'autre, accornées et clarinées d'azur".

Or, c'est le Cardinal Pierre de Foix qui, par acte du 9 février 1455, fit don du prieuré de Galan au Collège de Foix qu'il avait fondé.

Les clefs de voûte du chœur portent les armoiries, la Croix de Malte.



" Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire.
Être « de quelque chose », ça pose un homme, comme être « de garenne », ça pose un lapin ".

Alphonse Allais


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