Trois figures Galanaises

Voici les portraits de trois Galanais attachants :
Un homme de bien : le Père Point Aumônier de l'Accueil du Frère Jean de Galan et exorciste du Diocèse de Tarbes.
[Source : La Gazette de Galan et de la Région, N°5 juin 1997]

Les premières paroles du Père Point dans son bureau du rez-de-chaussée de l'Accueil du Frère Jean reflètent bien le personnage : "J'ai la chance de voir de ma fenêtre cette belle porte ancienne et l'hiver, quand les feuilles sont tombées, la façade de l'Église. Et j'entends les oiseaux. Ce sont mes amis".

Le ton est donné : la courtoisie, la simplicité, la poésie, la sérénité, le sourire. D'emblée les qualités de mon hôte et le climat qu'il crée sont de nature à faire hésiter un démon, à le déstabiliser; aussitôt le visiteur est mis en confiance. Notre entretien portera sur l'exorcisme qui est "le pouvoir de délivrer une personne du locataire encombrant qu'est le démon", selon la définition du Père Point.

Mais comment devient-on exorciste ?
"Autrefois, avant le concile Vatican II, le candidat au sacerdoce devenait exorciste quand il avait reçu de l'Évêque le troisième ordre mineur, l'exorcistat. Mais faute d'expérience, il ne pouvait pas l'exercer. Cet ordre mineur a été supprimé; maintenant l'Évêque donne un mandat pour un temps à un prêtre en exercice".

En quoi consiste l'activité d'exorciste ?
"C'est essentiellement un ministère d'écoute et de prière", répond modestement le Père Point. "Car je ne suis pas un magicien, je n'accomplis pas de prodiges. Bien des personnes qui viennent me voir, quelquefois de très loin, se croyant possédées du démon ne le sont pas. C'est souvent un état plus ou moins dépressif que la médecine ou d'autres pratiques n'ont pu traiter. Alors, en dernier ressort on me rend visite et le seul fait d'une écoute active de ma part peut apporter un soulagement. Quelquefois, le cas est beaucoup plus sérieux et il faut alors faire preuve de discernement. Quand il s'agit d'une maladie mentale, il est clair que si la prière et l'écoute peuvent apaiser, elles ne suffisent pas et le malade doit être orienté vers un médecin ou un psychologue, en évitant le mot psychiatre qui souvent fait peur. Reste le cas où je crois devoir intervenir et parfois sur la demande d'un médecin. L'action du démon sur une personne se présente sous des modes variés suivant qu'il attaque telle ou telle de ses facultés. On ne parle de possession que lorsque le diable investit toute la personne : celle-ci fait alors des gestes désordonnés, tient des discours qui ne sont pas les siens et dont parfois elle ne garde aucun souvenir. Il faut alors pratiquer ce qu'on appelle le grand exorcisme ce qui arrive très rarement. Ce rituel codifié par l'Église en 1614, et soumis actuellement à une révision, comprend des prières, des litanies, des lectures de la Bible et des exorcismes : ce sont des prières accompagnées d'injonctions faites au démon d'avoir à lâcher prise et à quitter la personne qu'il tourmente. C'est une véritable lutte qui peut durer plusieurs heures et nécessite habituellement plusieurs séances. Le possédé est particulièrement agressif contre l'exorciste qui doit se prémunir en permanence contre coups de poing ou coups de pied. J'ai eu un cas difficile : tout ce qui se trouvait sur mon bureau avait été jeté à terre par le possédé qu'on eût du mal à maîtriser car il brandissait dangereusement ma lampe de bureau.

Je demande au Père Point si ses 'clients' ont un profil particulier ; âge, origine géographique ou professionnelle, pratique religieuse ou autre, et voici sa réponse dans son intégralité :
"Non, toutes les origines, tous les âges de 20 à 90 ans, par contre, oui, il y a une statistique curieuse : 2 personnes sur 3 sont des femmes". Là, je n'ai pu m'empêcher d'esquisser instinctivement un sourire qui exprimait, malgré moi, que c'était une évidence…

Un homme de paix, un homme de bien; j'ai quitté le Père Point ravi de ma visite et comme rafraîchi et enrichi par contagion d'un je ne sais quoi de son aura spirituelle.


Pigeon
[Source : La Gazette de Galan et de la Région N°4, avril 1997]

Le voilà, pur et dur... Un peu 'bourrut', mais...
A priori, demander à Pigeon de me parler de lui, cela semble une gageure. Mais non, pas du tout, à question simple, réponse simple, directe, précise, franche. Le masque qui pourrait paraître austère tombe vite; l'entretien est une conversation aimable, sans méfiance, sans retenue. Mais d'emblée, certaines prises de position étonnent. Quand je lui dis que l'homme vit de la chasse, de la cueillette et de la pêche : "oh, la pêche, pas trop. La chasse oui, j'adore. Mais je ne mange pas de gibier, c'est trop fort (pôvre petit...!). La cueillette, oui, surtout des champignons. Mais personne ne me fera manger un champignon. Je mange des patates. C'est ce qu'on mangeait presque tous les jours à la maison, car mes parents n'étaient pas riches : une famille nombreuse à nourrir, mon père travaillait à la Villa Bleue chez Grimal, entreprise qui installait des lignes électriques. Ma mère était une excellente cuisinière qui faisait mijoter la daube presque une semaine entière".
Je lui dis que je peux en témoigner car j'ai le souvenir encore très présent d'un mémorable repas de dépiquage; je revois une grande table installée sur des tréteaux devant la maison en terre des Cougès et il y avait une crème anglaise, spécialité de Louise Noguès qui la parfumait - on le sait maintenant - avec une feuille de laurier. Une maison où la porte était ouverte à tout visiteur toujours bienvenu.
Puis nous parlons des Galanais, et aussi des " immigrés " qui sans être le moins du monde rejetés sont quelquefois accueillis avec une pointe de réserve. Un Galanais n'a-t-il pas dit d'une telle, native de Bonrepos et venue bru à Galan : "oh, elle n'est pas de Galan, elle est de Bonrepos...[qui est à 4km de Galan]. Quel racisme !"
Sa position est nette, et il l'exprime en une courte et simple phrase, bien appuyée : " EST GALANAIS QUI VEUT ! Car, être né à Galan, ou avoir 36 ancêtres nés à Galan, ou posséder de la terre à Galan, ce ne sont pas des critères valables. Il suffit de vouloir et de savoir s'intégrer. Un bel exemple (et c'est Pigeon qui parle...) est donné par nos amis anglais Henry, Cynthia et leurs enfants qui habitent la maison de Balthazar : ils jouent le jeu, sount des noustes".
Ses passions : "la nature. La palombière se veut vouée à la chasse, mais pas exclusivement. C’est aussi un lieu de rencontre avec les amis où on se raconte des histoires dont il ne faut surtout pas dire qu’on les a déjà entendues. C’est aussi, au cœur d’un bois, un point d’observation de mille choses de la vie animale ou végétale. Ce qui fait que je ne m’y ennuie jamais, même si les palombes ne passent pas : un corbeau qui plane, des appeaux qui roucoulent sur le toit... Avec quelque habitude d’observer, le bois se révèle plein de vie, c’est une leçon de choses permanente et passionnante. Quant au bilan de chasse en fin de saison, bien sûr on peut toujours dire "je n’ai pas atteint la centaine", mais le chiffre n’a pas d’importance. Il m’est même arrivé de "chasser" sans le fusil, juste pour me promener avec les chiens. D’ailleurs à la chasse à la bécasse, il n’y a pas de rendement : quelquefois 15 à 20 kilomètres pour une seule proie, mais quelle journée ! Et, autre paradoxe, j’adore les fusils, mais pas uniquement pour tuer..."
La remarque que je faisais à son frère Charles vaut aussi pour lui :

"Ces Noguès, quelquefois une tête un peu dure, mais un grand cœur !"


Paul Cieutat, un poète dans ses rêves.
[Source : La Gazette de Galan et de la Région, N°3 Décembre 1996]

Notre poète Galanais
Notre poète Galanais dans son univers.
Sur la table de la pièce où il me reçoit, on peut faire un inventaire à la Prévert : un monceau de correspondance, surtout des prospectus et des catalogues, une orange, une montre, une mappemonde, un niveau d’eau, des douilles à pâtisserie, quelques pots de miel, une boîte de thé Lipton... Dans la pièce trône une machine à coudre des années 30.
Les personnes qu’il admire ? «Le Pape. D’abord, c’est un conscrit. Et puis je trouve qu’il a deux qualités fondamentales dans l’exercice de sa fonction : courageux et œcuménique. En dépit de sa santé précaire, il parcourt le monde, dialogue avec les orthodoxes, des bouddhistes, les protestants, les musulmans. Ensuite le Commandant Cousteau. J’aime la mer, il en parle bien. Son succès, sa notoriété, en France et en Amérique démontrent que c’est un homme de communication. J’ai d’ailleurs réussi il y a quelques années à collecter 36 signatures pour m’associer à lui dans sa campagne pour la défense de l’Antarctique.»
Je lui demande alors son sentiment sur quelques détails connus sur Cousteau : son élection à l’Académie Française, le procès qu’il fait à son fils, son mariage en grande pompe à l’âge de 75 ans accoutré de blanc de pied en cap célébré devant les télévisions à Saint Pierre de Montmartre, ses études et travaux tous azimuts aux frais de la princesse qui lui donnent un faux air de scientifique... Il rétorque qu’il n’est pas d’accord avec Cousteau sur tout ce qu’il a fait. Il se contente de citer ce qui lui plaît chez lui. Nous convenons que c’est la sage attitude.

Je lui pose la question à laquelle il s’attend un peu : « Qu’est-ce qui vous plaît dans la vie ? » Réponse : « En peinture, Michel-Ange et les peintres de la Renaissance, en littérature, les auteurs classiques et romantiques, et puis les roses, les tulipes et le cèdre du Liban ». Certes j’apprécie la saveur et la fraîcheur de la réponse, mais il sent, il sait que ce n’est pas celle que j’attends, alors il se lance : « A l’âge de 17 ans, j’ai été saisi par une passion : l’utilisation des énergies naturelles et particulièrement l’énergie d’origine éolienne. Ce doit être dans le sang : mon frère s’intéresse, lui, à l’énergie hydraulique. Et je n’ai eu de cesse, quelques furent mes activités diverses, de réaliser ce grand projet qui me tenait à cœur : construire une éolienne. Ce ne fut pas simple car de nombreuses occupations professionnelles m’accaparaient : ouvrier à la SPA la Société des Produits Azoté (rien à voir avec la Société Protectrice des Animaux), Chantiers de Jeunesse, résistance, puis armée, formation de jeunes, entreprise de transport, extraction de sables et graviers où je me suis trouvé dans une situation périlleuse quand déménageant du matériel sur un radeau, la Neste étant en crue, le radeau s’échouât sur une île avec ses deux passagers plus un chien. Enfin matière plastique chez Soulé à Bagnères... Mais l’éolienne était en moi ! La première que je construisis, modeste, était destinée à monter de l’eau d’un puits à La Serre. Elle ne fonctionna qu’une nuit car la pompe tomba en panne. Ensuite j’ai voulu essayer d’utiliser le principe de « l’hydrojet » : une éolienne est montée sur une petite barque et sa rotation entraîne une turbine -plus tard remplacée par une hélice- par l’intermédiaire d’une transmission mécanique. Théoriquement ce système doit permettre de faire avancer le bateau même contre le vent. En pratique, les essais faits sur un lac à Campuzan et sur le lac d’Astarac furent peu probants. Alors naquit le projet d’une éolienne de grande dimension dont l’implantation fut choisie à quelques arpents de Coume Gram, point culminant à 479 mètres, donc a priori éventé, situé à l’ouest de Galan. L’entreprise a connu maintes versions. On ne les compte plus. Mais le plan est maintenant arrêté -dans le bon sens du terme !- et la réalisation en est aux 2/3 ».
Je demande à Paul Cieutat s’il a fixé une date limite de fin de chantier en vue de l’inauguration officielle. La réponse est évasive. A la question « A quoi sera utilisée l’énergie produite, car le point de production est situé à 4 km de chez vous ? ». Là, j’obtiens une précision exprimée sans trop de conviction : « peut-être l’argenture, mais il faut stocker l’énergie et ce n’est pas simple ». Puis, un sourire en pensant à ce cher troisième tiers qui reste à achever ...

Mais, au fond de lui-même, Paul-Le-Sage souhaite-t-il vraiment que son rêve se réalise ?

Car un rêve devenu réalité n'est plus un rêve.



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