L'Église Saint-Julien de Galan

Vous pouvez choisir :
 Avant-goût : un rapide coup d'œil sur quelques jolis détails.
   Les travaux récents de restauration et d'embellissement.
     Les trois belles cloches de l'Église.
        Le paratonnerre de l'Église.


Mais auparavant, cette image de rêve :
notre Église Saint Julien, irréelle, surprise au coucher du soleil
par notre Père Juan Carlos.



La voilà...

 
L'Église de Galan en 1844...
Eau-forte du Baron Fiancette d'Agos.
...et en 2002
[Le clocher était alors davantage dans la tradition locale que l'actuel qui date de 1868.]






Avant-goût :
 un rapide coup d'œil sur quelques jolis détails. 


La ravissante chaire Louis XV.
Hélas, au chômage.
Les pèlerins vers St Jacques de Compostelle.






Les travaux récents
de restauration et d'embellissement.


Les travaux exécutés en 1996.
Extrait de la "Gazette de Galan et de la Région" N°3 et N°4 de décembre 1996 et mars 1997.

 La décision.
Le jour où on découvrit que des poutres supportant la tribune commençaient à pourrir à leur extrémité encastrée dans le mur ouest, il fallut se rendre à l'évidence : l'humidité traversait le mur pourtant épais de l'édifice et il était urgent de remédier à cette situation qui compromettait la sécurité des fidèles et la pérennité de l'église. La priorité fut donc donnée à ces travaux dont les modalités assurément complexes de réalisation technique et de financement furent étudiées dès 1991. Il fallait établir un cahier des charges qui ne pouvait être que sommaire car faire un métré, définir l'état et la nature des pierres n'est pas une tâche facile sans échafaudage. Il fallait trouver des entreprises rompues à la pratique de la restauration et qui acceptent d'exécuter un tel travail dans un certain délai et à un certain prix. Il fallait rechercher et obtenir des subventions, et enfin établir un budget décent par rapport aux moyens de la commune.

Choix de l'entreprise et financement.
Des devis furent demandés à 5 entreprises régionales. Les Entreprises Baï à Galan, Saint Martin à Castelnau, Vidal à Trie se récusèrent. Les Entreprises Gil à Lourdes et Bâtiment de Bigorre à Tarbes fournirent des devis se montant respectivement à 183.189,67 F et 274.544,50 F. Ces prix sont exprimés hors TVA puisque la TVA est récupérée. L'Entreprise Gil obtint donc le marché. Les deux clochetons dont on découvrit le fort mauvais état furent l'objet d'un supplément de 30.579,13 F, ce qui porte le coût total de la restauration appelée pudiquement "Étanchéité de la façade ouest de l'Église Saint-Julien de Galan" à 213.748,80 F, montant qui, dans l'absolu, semble peu élevé compte tenu de l'ampleur et de la difficulté des travaux d'une part, et d'autre part des subventions du Ministère de la Culture, du Conseil Général et du Ministère des Finances (Dotation Globale d'Équipement) qui vont considérablement alléger ce coût puisqu'il ne restera à la charge de la commune qu'environ 25% du montant total.

Les travaux.
Pour l'instant, ils se déroulent sous les auspices les plus favorables : pas de mauvaises surprises, le délai est respecté, et le chantier se passe comme prévu. Rappelons brièvement leur déroulement : le chantier a commencé début octobre par l'édification d'un superbe échafaudage monté en moins d'une semaine par une entreprise spéciale. Le premier travail sur la façade a pris plus de deux semaines; ce fut le sondage préalable de toute la surface en vue d'éliminer les cloques, les pierres branlantes ou trop agressées par l'érosion et les joints qui n'adhéraient plus. Les vides devant recevoir de nouvelles pierres ont été taillées en forme de parallélépipèdes rectangles et des chandelles en bois ont été mises en place pour soutenir les pierres situées au-dessus des emplacements vides. Un métré sommaire de la surface de pierre à approvisionner a ensuite été établi. Pendant 4 ou 5 jours il a été procédé à des injections sous pression de chaux pure en prenant soin d'occulter les fuites à l'aide de boudins en mousse plastique. L'opération suivante fut le scellement des pierres au mortier de chaux et de sable de l'Adour puis de la Baïse. Après la prise, les faces apparentes des pierres nouvellement posées ont été traitées au têtu, sorte de marteau muni d'une pointe, opération qui a pour effet d'altérer l'aspect trop neuf des faces des pierres brutes de sciage et d'épaufrer, c'est à dire de rendre moins vifs, les angles des arêtes visibles. Suit le rejointoiement c'est à dire la confection des joints, opération longue et délicate qui nécessite un doigté d'artiste : le compagnon doit avoir du savoir-faire et du goût pour confectionner des joints qui s'adaptent harmonieusement à la géométrie de la pierre taillée sans paraître avoir le millésime l996. Enfin la dernière opération est le brossage à la main des anciennes pierres en utilisant de l'eau additionnée de 5% d'eau de javel pour enlever et détruire les micro-organismes, bactéries, mousses et lichens qui donnent une couleur noirâtre à la pierre. A propos des organismes vivants végétaux et animaux qui altèrent la pierre, il faut citer l'effet néfaste des pigeons. Ceux- ci déposent leurs déjections sur des surfaces plates ou peu inclinées. Ces déjections, par réaction chimique sur le calcaire, créent localement un véritable sol riche en agents fertilisants. La pierre devient alors un lieu de prédilection pour l'ensemencement de graines apportées par les oiseaux ou par le vent. C'est ainsi que de véritables arbustes avaient élu domicile sur la façade ; certaines racines avaient pu soulever des pierres de taille sur trois centimètres. La parade consista pour les parties planes d'une certaine largeur à les protéger par une feuille de plomb. Si les intempéries ne contrarient pas l'avancement du chantier, il est prévu de le terminer et d'inaugurer la nouvelle Église Saint-Julien vers la Noël 1996.

Les matériaux employés.
La chaux utilisée provient de Saint-Astier en Dordogne. Elle est hydraulique, c'est à dire qu'elle fait prise à l'eau en plus de sa réaction au gaz carbonique contenu dans l'air. Elle est particulièrement blanche. Le sable a été extrait de la Baïse au lieu-dit " Le Barasclet ". Il est d'une jolie couleur blonde et est exempt d'argile ce qui en fait un matériau bien adapté à cet ouvrage. Pour augmenter la plasticité du mortier, ce qui facilite sa mise en oeuvre, on ajoute à ce sable une quantité variable de déchets de calcite pulvérulent provenant du sondage de la façade. Le mortier est constitué de la chaux et du sable ci-dessus dans les proportions suivantes : 2 seaux de sable pour l seaux de chaux. On ajoute a chaque gâchée 300 grammes de ciment blanc Superblanc Lafarge qui augmentera la résistance à la compression du mortier sans en altérer la teinte.
La pierre de taille mérite une attention particulière. Comme il n'existe pas de carrière de calcaire a proximité, les anciennes marnières utilisées autrefois ayant été abandonnées puis envahies par la végétation, le choix du site s'est porté sur un gisement étonnant et inattendu. Les Galanais se souviennent des éboulements du coteau de Recurt qui se produisaient de l'autre côté de la Baïse par rapport au moulin Tétet.
Un rejointoiement minutieux
Or, il se trouve que ces éboulements d'argile renferment des pierres calcaires pouvant atteindre plusieurs tonnes ayant plus ou moins une forme de parallélépipèdes. D'après les géologues, ce calcaire tendre inclus dans une masse d'argile trouverait son origine dans une érosion rapide et récente - au sens géologique du terme - survenue à la formation du cône de déjection fluvio-glaciaire de Lannemezan. Ces pierres ont donc été récupérées et sciées par un marbrier de Lourdes en plaques ayant l'épaisseur courante des pierres constituant la façade. Sur le chantier, ces plaques sont débitées à la demande à la longueur et à le profondeur voulues.

Conclusion.
Nul doute que les Galanais, déjà fiers de leur église, ne s'attendent pas a ce qu'ils vont découvrir. Ils vont être ravis et étonnés du résultat : une autre et même Église encore plus belle ! Saluons toutes les bonnes volontés et les talents qui, à tous niveaux, ont été mis a contribution pour une telle réussite. Mrs Eduardo de Souza, Pablo Velicias et Auguste Salgado, les artisans du chantier méritent une mention spéciale. Par leur amour du métier et leur compétence ils ont largement contribué a ce succès.


La rénovation de la nef en février-mars 2001.
Quelques photos prises pendant les travaux :



Quelques détails sur ces travaux.
- La peinture a été exécutée par l'Entreprise Larrieu de Lannemezan spécialisée dans les travaux de restauration de monuments anciens, d'églises en particulier. On utilise de la chaux vive Socli de Gourdan-Polignan qu'on éteint avec de l'eau en mélangeant 1kg de chaux à 5kg d'eau. On ajoute du siccatif qui devrait être par tradition de la caséine qu'on trouve difficilement, elle est remplacée par de l'huile de lin à raison de 3% du poids de chaux. Après un battage énergique du mélange, on le laisse reposer au moins une nuit et on obtient une émulsion qui est précisément le produit que les anciens utilisaient pour peindre les fresques qui avaient la propriété de s'altérer peu avec le temps. On appelait cette technique peindre "à fresque", déformation de "à frais", en italien "a fresco". En effet, les couleurs mélangées à cette peinture pénètrent avec elle dans le support plus ou moins poreux avec lequel elles forment un mélange intime. Le gaz carbonique contenu dans l'air va lentement transformer la chaux éteinte Ca(OH)2 en carbonate de chaux CO3Ca, c'est à dire en calcaire relativement dur, qui ne jaunit pas et qui est peu altérable. Pour la voûte de notre église, le colorant utilisé a été un mélange de bleu charrette, qui est du bleu de cobalt, et de vert véronèse. Il faut trois couches croisées passées à la brosse carrée dite alsacienne. La première couche est choisie plus claire que les suivantes et la teinte de la dernière couche est plus ou moins corrigée pour tenir compte de la couleur de la lumière in situ, ici avec des traces de jaune de cadmium ayant pour effet de verdir légèrement le bleu.
Cette peinture à l'eau est bon marché, a un pouvoir couvrant important, de 10 à 15 m
2 par litre et s'étend facilement.
Pour le bois des poutres et du plancher de la tribune, simple badigeon avec un mélange d'un tiers d'huile de lin et de deux tiers de térébenthine auquel on ajoute du fixatif et une légère teinte avec de la terre d'ombre, dans les proportions respectives de 2% et 1% du poids d'huile de lin.
Les arcs de la voûte sont peints de façon à imiter la pierre grise des Pyrénées. On utilise une émulsion dans l'eau d'une faible quantité de noir de fumée dilué dans de l'huile de lin. Trois couches passées à l'éponge naturelle. Selon le dosage en noir de fumée on obtient toutes les teintes du gris palombe au noir. La difficulté réside dans l'imitation trompeuse d'un appareil de pierres de taille.


Le rejointoiement des pierres a été fait avec un mortier "à l'ancienne" composé de :

sable blond de la Baïse, granulométrie 0-4mm, dépourvu d'argile,
additionné de filler obtenu par broyage de calcaire tendre et dont le but est d'augmenter la plasticité du mortier -  donc de faciliter sa mise en œuvre -  et de conserver la teinte claire d'un calcaire tendre,
chaux aérienne éteinte, pas trop dosée - environ 350kg/m3 -  pour éviter du retrait.






 Les trois belles cloches de l'Église. 


Certains des renseignements ci-après sont fournis par l'Entreprise Bodet à 31150 Bruguières qui est chargée de l'entretien des cloches et du paratonnerre.

I/ La cloche sonnant les heures et les demi-heures.

Voici son "électrocardiogramme" :

...Il sonne une cloche de feu rose dans les nuages.
En cliquant sur ce graphique,
vous entendrez tinter la cloche de l'horloge : il est 3 heures.
 

Le premier graphique donne la fréquence du tintement : 1 toutes les 2 secondes.
Le deuxième est un agrandissement du premier; il permet de compter le nombre de vibrations dans un temps déterminé, ici 12 vibrations en 33 millisecondes soit 12/33 vibrations en 1 milliseconde ou

12000/33 = 364Hz.

A quelle note de la gamme correspond cette fréquence ?
Avec l'ancienne valeur du la3 = 435 Hz, on trouve, tous calculs faits, la note de fa#3 à 4% près.
II/ Le glas.

Deux points à noter :
  1. L'agrandissement de toutes ces courbes montre qu'elles sont loin d'être lisses, cela est dû aux très nombreux harmoniques qu'elles comportent, ce qui fait que chaque cloche a son timbre et donc son charme propre.
  2. Comme plus haut, les notes indiquées ne cadrent pas exactement avec notre gamme tempérée, même si on tient compte du fait que le la3 est passé de 435 Hz à 440Hz dans les cinquante dernières années.
Une fois 2 coups

III/ L'Angélus et les fêtes carillonnées.

La grande complexité de la courbe à sa partie droite est due au fait que les sons provenant des deux cloches sont d'une part mélangés et d'autre part riches en harmoniques. La détermination de la fréquence est donc sans objet.
  Cliquez sur ce graphique pour entendre la fin de l'Angélus de Galan
d'une durée de 84 secondes après les 9 coups du début.

Caractéristiques géométriques et physiques des cloches de notre Église.

La cloche N°3, la plus petite, pèse 290 kg et mesure 78 cm de diamètre à la base, elle est à 2,2% près dans les normes d'une cloche dite à profil mince qui pesant 300 kg mesure 82,5 cm à la base, ce qui donnerait 79,7 cm pour notre cloche. Quand à la hauteur du son, il est proportionnel à la racine cubique du poids et inversement proportionnel au diamètre à la base.
Depuis toujours les cloches sont en airain, ou bronze, alliage comportant traditionnellement pour les cloches 78% de cuivre et 22% d'étain. Mais l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert préconise un alliage différent soit "dix parties de cuivre rouge et une partie d'étain", ou 91% de cuivre et 9% d'étain, et curieusement ajoute : "[c'est] de tous les métaux le plus dur... les limes qui ne peuvent plus servir à l'airain sont encore bonnes pour limer le fer; ce qui prouve que le fer est moins dur que l'airain". Il est vrai que nous sommes en M.DCC.LXXVIII, les aciers dignes de ce nom, Bessemer et Martin, datent respectivement de 1855 et de 1863.
[L'article "airain" de l'Encyclopédie est signé de M. Malouin, Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris, Censeur Royal, & membre de l'Académie royale des Sciences; Auteur d'un "Traité de chimie" dont il y a eu deux éditions, & d'une "Chimie médicinale" que les François et les étrangers ont fort goûtée].

Nos cloches ont la propriété de sonner à la volée ou au tintement.
À la volée, la cloche est animée d'un mouvement de pendule, c'est à dire de balancement, entretenu de nos jours par un moteur électrique qui remplace le sonneur. Les énergies nécessaires sont importantes surtout pour le démarrage des cloches à profil lourd, ce qui nécessite un bâti solide, appelé "beffroi", souvent en bois de chêne chevillé en acacia, qui doit aussi résister aux vibrations. Ce beffroi n'est jamais rendu solidaire du bâtiment pour éviter de lui transmettre des vibrations. L'axe de rotation, le "mouton" ou "joug" du fait de sa forme, est également le plus souvent en bois et s'appuie sur deux roulements à billes. C'est à la volée que les cloches participent aux cérémonies : mariage, naissance, grand'messe du dimanche et fêtes religieuses importantes dites "carillonnées". Ainsi, les cloches sont un élément de vie dans une commune et appréciées comme tel.
Tout autre est le tintement où la cloche reste fixe et est frappée par une masse. Le son est plus plat, moins timbré qu'à la volée. On l'utilise quand une succession donnée de notes s'impose, ce qui est le cas pour sonner les heures, pour le glas, ou si on veut jouer une mélodie déterminée.





 Le paratonnerre de l'Église. 

Il apporte une sécurité incontestable surtout pour l'édifice, mais n'a pas la prétention de le protéger totalement de la foudre, pas plus que l'ensemble des maisons de Galan. Son rôle est double :

Il doit être pointu pour attirer la foudre, et, effectivement, il est pointu, mais...,
[C'est ce qu'on appela le pouvoir des pointes que Benjamin Franklin avait découvert dès 1750 en même temps qu'il avait établi sans équivoque la ressemblance de la foudre, à la forme ondoyante et crochue, disait-il joliment, avec l'étincelle électrique.]
...sous la pointe et sous la girouette, vous pouvez apercevoir une sphère, élément purement esthétique.

Cette découverte de Franklin était importante pour l'époque compte-tenu des raisonnements fantaisistes qui avaient cours alors. Par exemple, Lucrèce dans son De Natura Rerum (Livre VI, vers 417 et suiv.) avait essayé de combattre cette croyance populaire qui voulait que le tonnerre soit une manifestation de la Divinité. Mais le poète n'avait pas convaincu. Sa théorie, osée pour l'époque, était basée sur la collision entre des nuages, ce qui faisait "surgir en masse des atomes ignés comme du choc de la pierre contre la pierre ou de la pierre contre le fer, car alors aussi fuse une lumière et le feu répand une gerbe d'étincelles brillantes". Descartes, pourtant physicien notoire, emboîte le pas 18 siècles plus tard et affirme que "le tonnerre se manifeste quand des nuages élevés tombent sur d'autres nuages situés plus bas. L'air contenu entre ces deux couches de nuages ainsi comprimé provoque une forte élévation de température qui engendre l'éclair accompagné de bruit".

En pratique, le paratonnerre a pour rôle d'évacuer dans la terre un courant électrique de forte intensité*, ce qui nécessite une résistance  du circuit aussi faible que possible. Pour ce faire, les règlements imposent un câble reliant le paratonnerre à la terre ayant un tracé aussi direct que possible, de longueur minimum. Il doit être en cuivre, métal qui a une faible résistivité, éventuellement étamé pour des raisons d'esthétique ou de corrosion, de section 30 x 2 mm. La mise à la terre est faite par 3 piquets entièrement enterrés en acier cuivré de 2 mètres de long situés en plan aux sommets d'un triangle équilatéral de 2 mètres de côté. A la profondeur de 80 centimètres, ces piquets sont reliés entre eux par un câble. La résistance du circuit doit être inférieure à 10 ohms. Elle est à Galan de 8,5 ohms, donc dans les normes.

*Les spécialistes en physique de l'atmosphère avancent le chiffre de 25.000 ampères comme un maximum couramment observé, exceptionnellement on a mesuré 200.000 ampères.

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