Restaurants et gourmandises locales

Bonjour à tous ! Mais pitié, ne me touchez pas...
Attention, je crie dès qu'on me touche, je suis très sensible, délicat, et je ne comprends pas, j'ai peur de tout aujourd'hui, et surtout ici!...
D'accord, laissons-le tranquille.

Donc, vous avez le choix :
Entre un restaurant sympathique.
Aucun risque, ils sont fréquentés depuis des lustres, ou une ...

... gourmandise locale appréciée depuis toujours.
La "gourmandise",
un pêché capital ???
Jérôme Bosh.
Elles sont belles,
n'est ce pas !

Vrai ?



Pour vous mettre en appétit, voici un exemple de repas Gascon : celui qui a été offert aux deux cent trente-trois participants au banquet de clôture des Fêtes Félibréennes de la Sainte Estelle à l'Hôtel de la Poste à Pau, le 27 mai 1901.

La Garbure
Lou Saumou deu Gabe
Lous Patissots de Gascougne
La Garie sarcide deu Nouste Henric
La Daube Biarnése
Lou Yambou d'Orthez
Las Lèytugues de la Plane de Billière e Yelos
Lou Mate-Hami a la mode Anglése
Lou Roumatye de la Balée
Frute, Crouquets, Garfous et Macarous
Yuransou rouye – Piquepout deu Gers
Yuransou blanc (Adrien Planté)
Champagne
Café et Pousse-Café

L'auteur du compte-rendu paru dans "La Revue des Pyrénées" de Juillet-Août 1901, un certain P. d'Arellas, justifie ainsi la nécessité de telles satisfactions matérielles :

La poésie est, sans doute, un aliment d'un grand prix, mais elle ne nourrit que l'esprit qui à son tour la cultive. Il faut encore à l'homme d'autres aliments moins immatériels. Bien que le poète de Maillane répondant à une invitation à dîner à lui adressée par une noble dame ait dit  "Les félibres sont des cigales et ne vivent que de rosée"; il faut aux cigales méridionales, à certaines heures du moins, une rosée plus réconfortante que les larmes de l'aurore.



Recette pour vivre cent ans
[extrait des Aphorismes de l'École de Salerne, traduits en vers latins par Jean de Milan au XVIe siècle et en vers français au XVIIIe siècle par le Docteur Levacher de la Feutrie].

Lever à cinq, dîner à neuf,
Souper à cinq, coucher à neuf,
Feront vivre nonante neuf.



Le modèle monastique.
Une poésie gourmande écrite par un certain Bouchor (presque bouche d'or !). La scène se passe au VIe siècle, le serviteur de l'évêque de Patras, dans le Péloponnèse, décrit le menu d'un festin offert à un grand personnage de son temps.

"Les moines ont le front ceint d'autant de lauriers
Que nos plus illustres guerriers.
Mais ce qui fait surtout leur mérite et leur gloire,
C'est leur talent dans l'art de manger et de boire.
On ne voyait chez eux que de riches greniers,
Que chapelle étriquée et large réfectoire.
Que viviers poissonneux et qu'abondants claviers.
Si la bibliothèque était un peu petite,
En revanche, du moins, grande était la marmite
Et vastes étaient les celliers.
Ils trottaient tout le jour d'un pas infatigable,
De leur lit à l'autel et de l'autel à table;
Et point il ne faut s'étonner,
Quand on connaît leur gourmandise,
Si, dans ces beaux temps, leur devise
Fut :
Courte messe et long dîner.
Oui de notre docte cuisine
Les moustiers furent le berceau.
Des frères assemblés la savante doctrine
Chaque jour enfantait un prodige nouveau,
Et l'on pourrait encor retrouver l'origine
Et plus d'un délicat morceau,
Si l'on consultait leurs archives;
Car c'est là que de leur cerveau
Se concentraient les forces vives;
Et, sans aller bien loin rechercher tous leur dons,
C'est des Bénédictins aux sensuelles lèvres
Que nous avons reçus nos pâtés de lièvres;
Et des Jésuites, nos dindons.
Gourmands malavisés et singes de Voltaire,
Ne déclarons point la guerre au monastère;
Au contraire honorons, par un juste tribut,
Ces asiles pieux, retraites monacales,
De Comus écoles normales
Et de l'art culinaires adaptable institut."

De Fos

Voir également Un repas Gascon, de Joseph de Pesquidoux, et La nourriture, il y a 150 ans.


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